J’ai vu Pleasure, un film qui s’attaque à un sujet aussi sulfureux que sensible, l’ascension d’une jeune femme dans l’industrie pornographique. On y suit le parcours d’une nouvelle actrice, prête à tout pour se faire un nom, depuis sa toute première scène jusqu’à des tournages plus extrêmes, comme un plan à trois violent ou encore une double pénétration anale. La réalisatrice choisit volontairement de montrer ces étapes comme des passages obligés pour gravir les échelons d’un milieu où les corps deviennent une monnaie d’échange. Le résultat, pourtant, laisse une impression mitigée. D’un côté, le film intrigue par son sujet frontal et sa volonté d’exposer la brutalité de ce monde sans filtre apparent. Il y a un côté voyeur assumé, qui dérange et qui, sur le papier, aurait dû provoquer un vrai malaise. Mais paradoxalement, on ressort de la séance avec l’impression que Pleasure reste toujours à mi-chemin entre le documentaire choc et la fiction fantasmée. La réalisatrice semble hésiter, veut-elle dénoncer l’envers du décor, ou bien réinventer une vision stylisée, presque caricaturale, de l’industrie du X ?
C’est justement là que le film perd de sa force. Là où l’on s’attendait à une œuvre dure, sans concession, capable de heurter et de faire réfléchir, Pleasure se contente trop souvent de frôler la limite sans jamais l’exploser. Le spectateur pressent le potentiel explosif du sujet, mais reste sur sa faim face à un traitement qui paraît presque « propre » malgré l’extrême de certaines scènes.
Au final, Pleasure n’est pas un mauvais film, il se regarde, il interpelle par moments, mais il n’a pas l’impact qu’il aurait pu avoir. C’est une œuvre coincée entre deux intentions, ni totalement réaliste, ni véritablement choquante. Et c’est dommage, car un film de ce type devrait soit bouleverser, soit déranger profondément. Ici, on reste à la surface d’un sujet qui, lui, aurait mérité bien plus de profondeur et de radicalité.