REVU EN DVD
Plein la gueule, de Robert Aldrich, c’est du cinéma gonflé à la testostérone. Un film taillé sur mesure pour la gloire de Burt Reynolds, incarnation de la virilité rugueuse. Ici, tout suinte : la sueur, la violence, la provocation.
Le film démarre sur les chapeaux de roues. Une chambre encore saturée des relents d’alcool et de sexe. La mise en scène est si dense qu’on croit presque sentir les odeurs poisseuses. Le couple s’invective, les cris fusent. Le personnage campé par Reynolds, indifférent à la nuit écoulée, encaisse sans broncher une pluie d’injures avant d’écraser brutalement le visage de sa compagne d’une main ferme. Puis, sans un regard en arrière, il s’empare de sa voiture, s’élance, boit au volant comme on défie la mort.
La police s’engage dans une course-poursuite haletante. Reynolds parvient à semer ses poursuivants, abandonne le véhicule dans la mer comme on rejette une vieille carcasse, puis se réfugie dans un bar, un verre d’alcool à la main. La cavale est brève : les policiers le cueillent. Le film, lui, a déjà frappé fort. Le ton est donné : aucun répit, jamais le rythme ne faiblira.
Car Plein la gueule est avant tout un film de prison. Burt Reynolds y orchestre un match de football américain opposant gardiens et détenus. Pour monter son équipe, il recrute les prisonniers les plus durs, les plus brutaux, ceux dont la force brute tient lieu de carte de visite. Le spectacle est jouissif, violent, implacable.
C’est un cinéma aujourd’hui disparu : celui d’hommes virils qui se cognent dessus avec une sorte de respect tacite, même quand tous les coups sont permis. Aldrich en fait un spectacle magistral, d’une puissance rugueuse, brutale, inoubliable.