Ça, c’est un film qui flaire bon les années 80, avec un générique à effet de transparence, ses filtres bleus et ses cascades bien réelles. On sait que le film n’est pas forcément devenu culte pour les bonnes raisons, et le jeu profondément plat de Keanu Reeves y est pour beaucoup. Casté avant tout pour sa belle gueule, il incarne le jeune fédé lisse comme un œuf qui infiltre un groupe de surfeurs YOLO pour coincer des braqueurs insaisissables. Sports extrêmes, réflexions pseudo-bouddhistes, romance et bromance… nous voilà lancés.
C’est un film d’action assez fun de base, mais quand même truffé d’incohérences. Déjà, la police et le FBI donnent l’impression d’être de vrais amateurs. Même moi, maintenant, je pense que je ferais mieux à ce stade : le nombre de choses qu’ils oublient, qu’ils négligent, qu’ils font mal, c’est quand même fort. Ils se mettent eux-mêmes des bâtons dans les roues, ne se croient pas entre eux… c’est vraiment pas très crédible. Et on sent qu’il y avait avant tout un vrai enthousiasme pour filmer des séquences extrêmes et qu’on a brodé une histoire autour. Ce n’est pas un mal en soi, plein de films d’action fonctionnent comme ça, et certains très bien. Mais ici, ça devient vite poussif. Et c’est sûr que ça n’est pas aidé par le problème d’acteur principal. Globalement, je trouve que le reste des acteurs s’en sort plutôt pas mal. C’est très excessif, bien sûr : Tyler menaçant Johnny avec une arme à moitié nue, la philosophie de comptoir de Bodhi, le final… ça filtre beaucoup avec le ridicule.
Non, si Point Break reste quand même agréable à regarder, c’est grâce à la réalisation de Kathryn Bigelow. C’est une mise en scène nerveuse, proche des corps, avec un vrai bon sens du montage. Et surtout, ça contrebalance un peu la platitude des dialogues ou des tentatives de réflexion. Les scènes de sport sont particulièrement réussies, que ce soit le surf ou les séquences de parachute. C’est hyper impressionnant, immersif, franchement on est vraiment dans l’action, avec eux (prends ça, Tom Cruise).
Mais c’est vrai qu’on sent que cet enthousiasme pour les scènes spectaculaires prend parfois le dessus sur tout le reste. Et le scénario tente maladroitement de recoller les morceaux. Et donc, le film se classe péniblement dans la catégorie du divertissement sans prise de tête… mais qui prend quand même pas mal l’eau.