6,5/10
Comme beaucoup, je rêvais de voir l'univers des Pokémon mêlé de façon naturelle à notre monde contemporain, et c'est un point sur lequel Détective Pikachu excelle. Ses créatures sont mignonnes, drôles, impressionnantes, on croit à leur synergie avec leurs « partenaires » humains et à leur existence dans cette nature et dans cette ville, on sent le travail considérable qui a été mené pour leur donner vie. L'enchantement visuel n'est nuancé que par l'inégalité entre les deux moitiés du film, peut-être lié à la co-présence de quatre scénaristes. Tandis que la première cherche des couleurs originales pour un film noir urbain, la seconde opte pour un décor de laboratoire et de nature où tout sonne beaucoup plus faux, où le manque de génie de la mise en scène éclate à chaque plan, renforçant l'impression d'incongruité dramatique. Jusqu'à un certain point, on acceptait la simplicité et la linéarité de l'intrigue dans une oeuvre après tout adressée à des enfants et des grands enfants, mais si cela peut excuser l'artificialité des péripéties de l'enquête, les facilités et le gonflement grotesque des enjeux pour livrer un film d'aventure qui se voudrait excitant et qui n'est que terriblement banal plombent l'appréciation finale. Pour ne pas trop spoiler, on pourrait se contenter de citer une scène impliquant des Torterra, déplacée et incohérente à tous les niveaux, ne faisant aucun sens en termes de narration, de rythme, de physique élémentaire, et même pas aussi belle que les cent modèles qu'elle tente d'imiter (par exemple les géants-montagnes du Hobbit)... On n'en rêve que davantage de futurs films produits par les mêmes studios, avec la même équipe technique - mais d'autres réalisateurs et scénaristes - afin de livrer un divertissement aussi satisfaisant du point de vue du fan service que de l'histoire et de la cinématographie.