Danse au long cours

Les deux réalisateurs dont le chorégraphe Angelin Preljocaj nous proposent de suivre la trajectoire d’une danseuse prénommée Polina, de ses jeunes années à Moscou où elle s’entraine fort pour espérer intégrer l’école du Bolchoï jusqu’à son exil pour la France, puis Berlin et Anvers. Le passage à l’Ouest qui marque aussi celui du classique au contemporain et celui des méthodes traditionnelles d’un vieux professeur à une approche sensorielle et intériorisée de l’art, incarnée par une Juliette Binoche frôlant ici le ridicule.

Quelque part, l’actrice est à l’aune d’un ensemble qui pêche par ses invraisemblances, ses ruptures elliptiques faciles et une lourdeur appuyée (le père de Polina en prise avec la mafia moscovite). Le film veut traiter beaucoup de sujets mais ne parvient pas à retenir notre attention, d’autant plus – et c’est le plus étonnant compte tenu de la présence aux manettes du directeur artistique auteur de Amer America – que les numéros de danse sont captés sans profondeur de champ, la caméra collée aux visages et aux corps des danseurs. Une proximité artificielle qui ne rapproche cependant pas le spectateur, dont l’ennui augmente petit à petit : le segment anversois qui voit l’alternance de répétitions d’un duo avec les soirées au bar où Polina a décroché un job nous fait décrocher à notre tour.