Si l'on n'y prête qu'une oreille distraite et pas très attentive le titre Polissons et Galipettes ferait presque penser à une série animée pour gosses diffusée sur Gulli. J'imagine bien un petit lapin malicieux accompagné d'un écureuil coquin faisant les quatre cents coups dans une forêt aux couleurs acidulées. Pourtant ne mettez pas vos enfants devant le film Polissons et Galipettes qui est une compilation de films érotiques et pornographiques du début du 20e siècle et si il est effectivement abondamment question de bêtes à fourrures, le spectacle n'est pas du tout pour les enfants. Ces petits films amateurs (et à mateurs) étaient programmés dans les salons d'attente des maisons closes ce qui est avouons le autrement plus intéressant qu'un vieux Voici périmé (pléonasme) posé sur la table basse Ikea d'une salle d'attente de médecin nous apprenant avec stupéfaction la mort Johnny Hallyday. Polissons et galipettes est une curiosité qui nous apprend que papy et mamie n'était peut être pas des petits cochons coquinous mais des gros obsédés totalement décomplexés de slip.

Le documentaire de Michel Reilhac malgré quelques intertitres explicatifs est surtout une compilation de courts films pornographiques bien plus qu'un véritable documentaire.

La première chose qui m'aura frappé en regardant Polissons et Galipettes est peut-être l'hallucinante liberté de ton des différents courts-métrages qui flirtent joyeusement avec les tabous et la moralité dans une dans une succession de saynètes dont certaines se retrouveraient aujourd'hui dans l'illégalité et vendues en arrière-boutique d'un sex-shop pas trop regardant. Alors bien sûr en matière de sexualité et de pornographie tout finit toujours un petit peu par se ressembler mais l'audace libertaire de ces petits films amateurs et clandestins serait parfois presque impossible aujourd'hui. Même si elles sont incarnées (et fort heureusement) par des femmes adultes on y voit tout de même des écolières avec un bonnet d'âne subir les châtiments corporelles d'une institutrice et d'un inspecteur d'académie, mais aussi des religieuses et des curés qui forniquent dans des voies bien moins impénétrables que celles du seigneur. Certains petits films s'en vont même carrément flirter du côté de la zoophilie, de façon plutôt rigolote avec un court film d'animation montrant un type tellement obsédé qu'il finira par tenter sa chance avec un âne et une vache et plus malaisante avec un autre film montrant un pauvre chien contraint de faire des léchouilles à monsieur et madame. Si la séquence de lesbianisme est quasiment incontournable d'un film pornographique classique il est bien plus rare (voir impossible) de voir au sein d'un film estampillé "hétéro" deux hommes se donner du plaisir, ce que font pourtant joyeusement deux acteurs lors d'un court métrage sur une partie fine à quatre. La pornographie gay réservé aujourd'hui à une niche particulière et précise s'affranchissait joyeusement à l'époque du tabou communautaire.

Il se dégage aussi de ses petits films un sentiment de fesses joyeuses et de bonne humeur communicative. Dans un des courts métrages on verra notamment un acteur tellement frétiller de la moustache qu'il en perdra son postiche pour ensuite tenter de le recoller hilare, dans ce même court métrage on verra également une femme lui fouiller avec vigueur le fondement lors d'une fellation comme si elle recherchait son alliance ou Xavier Dupont de Ligones. Bien loin des sordides robinets tièdes à pornographie d'internet Polissons et Galipettes permet de retrouver une certaine candeur et légèreté avec même quelques courts films qui soignent joliment leur cadre et leur photographie. Globalement je me suis en tout cas plutôt amusé à regarder par le trou de la serrure pour voir ce que nos arrières grands parents faisaient en cachette mais avec bonne humeur.

Amusant et anecdotique le meilleur de Polissons et Galipettes reste sans doute sa toute première scène montrant une jeune femme qui se recoiffe les seins nus sur quelques notes de piano avec ce charme si particulier des images des vieux films muets. Le charme diffus d'un érotisme de voyeur, la candeur et la beauté d'une jeune fille légèrement impudique, tout ceci est finalement bien plus excitant que la crudité chirurgicale du gros plan.

freddyK
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le 7 juil. 2022

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