Ponyo sur la falaise par Julie_D
Un très joli film d'animation qui souffre tout de même de la comparaison avec les autres œuvres de son créateur, dans la forme et dans le fond.
Car après avoir découvert à quel point le dessin de Myazaki peut être pur (les décors pourtant très simples de Totoro étaient absolument enchanteurs) le coté parfois esquisse du trait de Ponyo ne lui confère pas tant une certaine fragilité qu'une impression d'inachevée. D'autant plus dommage que la mise en scène, elle, est formidable, notamment dans les scènes de tempête où la mer, personnage à part entière, effraie vraiment.
A l'inverse, on regrette que l'histoire soit elle, trop lisse. Se ressent notamment l'absence d'un second niveau de lecture qui aurait fait de Ponyo une œuvre accessible aux plus grands. Même Totoro, pourtant conçu pour les enfants, pouvait être visionné de façon très différente par les adultes dans sa parabole sur l'éducation, la nécessité de laisser les enfants imaginer.
Et ce manque enlève quelque peu de « l'aura Myazaki » pourtant bien présente. Trouvailles visuelles, inventivité constante ne suffisent pas si le scénario qu'elles servent n'est pas à la hauteur.
Or l'histoire a beau être jolie, elle n'est finalement pas aussi nuancée que l'on pouvait s'y attendre. Elle manque surtout de subtilité dans son message écologique, finalement vite expédié. Ce qui reste de l'histoire est en fin de compte si simple que le foisonnement de créatures et d'éléments d'intrigues secondaires semble alors décoratif, presque inutile : l'histoire des élixirs déversés dans la mer est plus oubliée que résolue, et il en va de même de la presque haine du sorcier à l'encontre des humains. De façon générale, si tous les personnages ont un coté attachant et très humain (notamment Lisa ou les dames de la maison de retraite) on a tout de même le sentiment qu'ils restent en deux dimensions.
Le film n'en demeure pas moins un plaisir indiscutable à visionner, pour peu qu'on soit capable de le regarder avec des yeux d'enfants. Mais cette condition n'était pas nécessaire par le passé.
Un film mignon quand les précédents étaient magnifiques : Myazaki revisite le conte d'Andersen, l'épurant de sa noirceur pour n'en garder que le coté enchanteur – certes transcendé.
Ca rappelle tout de même fort un studio qui n'est pas Ghibli.