Ponyo sur la falaise
7.4
Ponyo sur la falaise

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (2008)

"Ponyo sur la falaise" n'est sans doute pas le meilleur film de Miyazaki. Depuis "Le chateau Ambulant", les films du maitre de l'animation ne m'ont plus emportée comme ses anciens. Un constat que je ne peux que refaire pour Ponyo.


Ne nous y trompons pas. Le film regorge de qualités. Son animation est exemplaire. Sa musique enchanteresse. L'un des points les plus remarquables du film est Ponyo elle-même. Si je suis moyennement emballée par son design en tant que poisson, sa transformation en petite fille rousse, pleine de vie et qui découvre tout de notre monde est un enchantement. Adorable, la petite fille attire à elle tous les suffrages ! C'est bien simple, les plus belles scènes sont encore celles les plus simples, ou la petite Ponyo découvre la vie quotidienne humaine. La petite Ponyo, sa voix, sa curiosité, tout est un régal. Son histoire d'amour enfantine avec Sosuke est mignonne et attachante. J'ai beaucoup apprécié tout cela, tout comme j'ai aimé l'acceptation du merveilleux par des adultes à l'esprit encore très ouvert. Mais il y a quelques points noirs à cette histoire, qui empêchent de s'immerger dans "Ponyo" comme dans son proche cousin "Totoro".


Le premier qui me vient à l'esprit sont les personnages humains. Je ne sais pas si c'est l'aura de Ponyo qui est responsable, mais ils me paraissent tous fades ou mal choisis. Sosuke en est malheureusement un exemple. Sensé avoir 5 ans, il est tellement mature qu'il en devient pas du tout crédible. Pire, il est tellement mature que les moments de tension n'en provoquent aucune. Que peut-il arriver à ce petit garçon adulte ? En fait, l'absence d'enjeux m'a aussi embêté. Dans un film sans scénario, (contemplatif, poétique, tranche de vie...) cette absence d'enjeux est parfaitement compréhensible. Mais ici, il y a bien un scénario, et assez dense, puisque Ponyo risque de mourir si Sosuke ne réussit pas son épreuve. Rien que ça ! Sauf que à part Sosuke lui-même et son père, personne ne s'inquiète ! À commencer par la mère de Ponyo elle-même, qui face aux inquiétudes répond simplement que "nous sommes nés de l'écume, nous retournerons à l'écume." Là, je dois dire que cette phrase m'a presque choquée. Certes, on peut expliquer ce détachement par la confiance absolue de la déesse en Sosuke mais quand même, à ce niveau... en fait, pendant tout le film, j'ai eu l'impression que les parents se fichaient presque de leurs enfants. Entre ça, la mère de Sosuke qui le laisse seul dans la maison en pleine tempête, le père de Ponyo qui est, lui, surprotecteur à l'exces, seul l'anecdotique père de Sosuke a l'air à peu pres correct. Pauvres gamins ! Une distance s'installe ainsi entre les enfants et leurs parents. Sosuke appelle ainsi ses parents par leurs prénoms. Au final, la seule tendresse est celle qui unit Ponyo à Sosuke, le reste étant totalement pas crédible, à cause de ce décalage entre âge des protagonistes et leur mentalité. Faire des héros enfants pré-adolescents auraient été plus judicieux dans ce cadre. Ç'aurait en tout cas permis de mettre en place des héros auxquels on peut croire.


Des points du scénario sont aussi à relever. Le fait que personne ne s'inquiète d'un tsunami en est un. D'autres, plus mineurs, sont disséminés ici ou là. Le plus notable est le revirement complet d'une des personnes âgées. Jusqu'ici très acariatre, elle se montre soudain pleine de sollicitude. Ce revirement se faisant sans la moindre explication ni le moindre signe avant-coureur. J'avoue que j'ai du mal à comprendre comment une personne peut changer d'état d'esprit si vite sans raison apparente.


Pour le reste, le monde de Ponyo est féérique et magnifique visuellement. Les décors au crayon nous enveloppent comme un cocon et l'histoire reste bien heureusement très agréables à suivre malgré tout. C'est un beau film, empli de merveilleux mais auquel il manque de la poésie et des personnages crédibles. Film enfantin agréable, il souffre peut-être seulement de la comparaison avec ses illustes aînés. Mais non, ce film là ne m'a pas transportée.

Presci1508
6
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le 19 juin 2016

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