La carrière cinématographique de Chuck Norris prend un virage en 1984. Il tourne son premier film pour la Cannon : "Missing in Action", qui sera un gros succès. L'acteur karatéka démarrera ainsi une collaboration fructueuse avec le studio, alignant les œuvres de propagande reaganiennes, transpirant le pro-américanisme et l'anti-communisme zélé. Un paquet de long-métrages qui feront le bonheur des nanarophiles.
Dans "Missing in Action", Chuck Norris incarne Braddock, colonel des forces spéciales échappé d'un camp de prisonniers au Vietnam après des années de captivité. Il est déterminé à retourner sur place pour sauver d'autres prisonniers.
Le pitch et l'exécution singent évidemment "Rambo 2". Les mauvaises langues me diront que celui-ci ne sortira qu'en 1985, et donc c'est Sylvester Stallone qui aurait copié sur Chuck Norris ? En réalité, les ébauches de scénario pour "Rambo 2" ont été écrites en 1983, et ont allègrement circulé à Hollywood. Permettant aux producteurs filous de la Cannon (Menahem Golan et Yoram Globus, pour ne pas les citer) de damner le pion à la franchise Rambo. Pour ceux qui douteraient de leur malhonnêteté intellectuelle, "Missing in Action" a été distribué en Italie sous le nom "Rombo di Tuono" (coup de tonnerre)...
Anecdote amusante : "Missing in Action" devait être le deuxième volet de la franchise. Il fut tourné en même temps que sa suite... qui devait être le premier volet, présentant les années de captivité de Braddock au Vietnam. Mais les producteurs ont estimé que voir Braddock revenir au Vietnam était plus commercial, et ont donc sorti celui-ci d'abord, transformant l'autre film en préquel !
Bref, après ces longues explications, que vaut vraiment le film ?
Il faut avouer que le budget n'est pas famélique, et l'ensemble se veut généreux, alignant pas mal de séquences d'action. Mais voilà, c'est effroyablement plat. Jospeh Zito offrant un spectacle sans aucun relief. Mise en scène terne, couleurs délavées, et surtout personnages superficiels à souhait.
Chuck Norris est au centre du récit, mais n'a ABSOLUMENT aucune expressivité. Son protagoniste est censé être rongé par la culpabilité et le trauma de la guerre, mais l'acteur a surtout l'air de se demander où il a posé sa dernière bière. On le verra simplement regagner la guerre du Vietnam à lui tout seul sans sourciller, avec zéro dramaturgie et aucun récit élaboré, avec un bon message anti-communiste revanchard, quand le film ne déborde pas vers le racisme.
A ses côtés, des méchants anecdotiques... et des seconds rôles tout aussi anecdotiques. Seul M. Emmet Walsh sort un peu du lot, mais son personnage est assez grotesque, et pas vraiment utile.
En résumé, "Missing in Action" est un beau navet reaganien revanchard. Ah, et si vous cherchez la fameuse répliques "j'mets les pieds où je veux", c'est dans le troisième volet, qui louche davantage vers le nanar.