Pendant la Grande Guerre, un soldat allemand est laissé pour mort pendant une bataille.

Par la suite, il s’associe à l’homme qui lui a sauvé la vie et devient photographe funéraire. Il garde de son expérience de mort imminente la vision d’une enfant qui l’appelle au milieu des flammes. Lorsqu’il croise cette fille sur un marché de Hongrie, il la suit jusque dans son village. Là-bas, la terre gelée interdit que l’on inhume les morts. Il peut donc réaliser les photos du dernier souvenir en toute quiétude. Mais apparemment, les morts ne l’entendent pas de cette oreille…


Post mortem est un film hongrois de fantômes. Genre rabâché, me diriez-vous ? Certes. Mais l’exotisme des croyances locales ainsi que le talent du réalisateur font leur petit effet. Effectivement, les poltergeists sont frontaux, bien qu’intelligemment placés en arrière-plan. Les cadavres s’agitent pour manifester leur mécontentement plutôt que pour bouffer des cerveaux. Et les ombres rôdent…


L’ambiance est soignée bien qu’un peu outrée, notamment au niveau de la bande-son avec ses violons entêtants, mais on épie ces maisons campagnardes avec une méfiance croissante. Malheureusement, l’acteur principal ne montre absolument aucune peur lors des coups contre les murs, devant des possessions et face à l’épouvante. Son regard est, certes, écarquillé, mais plus par la fascination que par l’horreur et il fonce sans sourciller dans les caves obscures ou les greniers grinçants. Flanqué d’une gamine complètement kamikaze qui ferait n’importe quoi pour rester avec lui, ils forment un couple à la SOS fantôme façon steampunk. L’étude pseudo-scientifique de ces revenants est naïve et ne sert un peu à rien, et c’est d’ailleurs la faiblesse du film. Le scénario, après avoir posé une ambiance horrifique, part en saucisse. On ne sait pas pourquoi les cadavres disjonctent (OK, ils ne peuvent pas être enterrés en hivers, mais ça arrive souvent dans cette région, non ?) ni quel est le rapport avec la Première Guerre mondiale ou encore pourquoi ceux qui ont fait une expérience de mort imminente… ben n’ont rien de spécial. L’histoire part complètement en vrille lorsque les fantômes jouent à Counter strike avec les villageois en pleine journée à grand renfort de blasts télékinétiques et de hurlements. Enfin, la fin ressemble un peu au film Poltergeist et on n’y comprend toujours rien. C’est quoi le délire avec l’eau ? Pourquoi la petite Anna tire Tomas du coma en l’appelant ? Pourquoi l’a-t-il vu pendant la Guerre et comment cela l’a-t-il ramené à la vie ? Et pourquoi tous ces morts s’énervent-ils sur les vivants ? Bref, à force de vouloir faire hermétique, le spectateur est largué. C’est dommage…


Mais ce qui est plus dérangeant dans cette œuvre, c’est la relation entre le héros trentenaire et la petite fille de douze ans. L’obsession du premier pour la seconde sous couvert de visions est suspecte, surtout qu’il avoue sans honte vouloir l’emmener avec lui (mais pourquoi ? OK, elle s’occupe de sa tante, mais l’instit pourrait la prendre avec elle, par exemple ?). La gosse lui voue évidemment une admiration œdipienne bien de son âge. Comme si cela ne suffisait pas, l’institutrice, de quinze l’aînée du héros, commence brusquement à le mater sous la douche et à lui faire les yeux doux. Là encore, cette relation apparaît comme un peu incestueuse, notamment à cause du comportement jeune et naïf du héros. Le photographe est donc pris entre deux désirs pour des femmes d’âge assez éloigné, désir formellement teinté de sensualité. Et la fin est limpide, le héros choisit la gamine et part avec elle pour jouer aux chasseurs de fantômes. Du coup, les histoires de revenants passent un peu pour une idée farfelue servant uniquement au photographe à rester seul avec sa proie. Et là, ça devient un vrai film d’horreur…


OeilDePatrick
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le 14 janv. 2024

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