J'ai détesté Potiche au premier visionnage, une horreur. François Ozon a un sens de l'utilisation du kitsch qui me révulse (son intro des années 70 tout en couleurs saturées, la séquence boîte de nuit disco et la chanson finale sont autant d'éléments ultra violents qui agressent les standards de goûts que j'ai pu développer). Toutefois, Potiche n'a jamais la prétention de placer les personnages au dessus de leur cadre d'existence (souvent médiocre, mais cohérent avec leur caractère).
Les 30 premières minutes sont insupportables. Sitcom avait un effet similaire, mais sans jamais rien relâché dans la haine et le mépris qu'on avait pour chacun d'eux. Ici, c'est identique, sans la moins trace d'ironie ou de cynisme. Ces personnages clichés nous sont assénés tels quels et sont si étriqués dans leurs habitudes qu'un tel climat fait prendre immédiatement l'objet en grippe. A un tel stade de congestion cinéphile, le film partait pour être interminable. Puis sa politique s'affine un peu plus ( à l'exception du père, campé par un Lucchini totalement possédé par Sarkozy), quand il donne à la ménagère désoeuvrée l'ambition et la liberté d'entreprendre. Le jeu politique se fait alors plus subtile, car la lassitude paresseuse fait place à un oeil neuf et un certain enthousiasme. Le film en devient même sincère dans les interactions familiales, dépouillant de tout faux semblant ses rouages, qui fonctionnent.
L'absence totale d'empathie pour les protagonistes et le style violemment kitsch du film m'empêche toutefois de dépasser le stade de la moyenne, mais une fois le parcours établis, forcé l'on est de constater que les modestes ambitions du film sont accomplis, et que son élan optimiste se communique au spectateur. A quelques choix artistiques près, François a plutôt réussis son coup.