La Trilogie du Dollar a toujours été un mystère à mes yeux. J’ai longtemps ignoré cette trilogie jusqu’à tomber sur le fantastique (voir même quasi-parfait) Le Bon La Brute et le Truand.
En fait, j’avais dû voir des extraits de Pour une Poignée de Dollars et Et Pour Quelques Dollars de Plus quand j’étais tout jeune. J’avais le souvenir d’un Clint Eastwood usant d’une plaque en métal pour se protéger d’une balle.
Enfin bref, j’avais enfin fini par me procurer la trilogie, il ne me restait plus qu’à rattraper mes lacunes cinématographiques évidentes.
Je n’ai jamais vraiment su quoi penser des Westerns. C’est un genre avec des codes récurant qui ont tendance à m’agacer, mais quand je les regarde, je ne peux m’empêcher d’émettre une certaine nostalgie car ça me renvoie constamment à ces moments où tout jeune je voyais ces films à la télé.
Mais pour Une Poignée de Dollars, je n’ai pas vraiment d’hésitation. C’était cool ! Pas forcément aussi grandiose qu’un Bon La Brute et le Truand, sans doute dû à des enjeux un peu moins approfondis et des personnages moins attachants, mais il en reste pas moins un Western emblématique, iconique et rempli de scènes toutes plus cools les unes que les autres.
Je ne serai pas de ceux qui adulent le style de Leone pour la violence qu’il a apporté au Western. Oui, Leone a véritablement révolutionné le Western, ne serait-ce qu’en bafouant des règles d’or du genre, ne jamais montré un flingue tirer et une personne tomber dans le même plan (avant, c’était un plan pour un coup de feu, puis un autre plan de la victime qui tombe). Et c’est également Leone qui a apporté un style beaucoup moins manichéen au Western. Ici, il n’y a plus les gentils civilisés affrontant les peaux-rouges, chez Leone, tous les hommes sont des crapules et ne savent rien faire d’autre que rependre la terreur.
Mais comme je le dis, ça ne me touche pas, tout simplement parce que je n’ai pas vécu ce décalage. J’ai vu très peu de Western classique et donc voir un film plus violent tel que les Western Spaghetti de Leone ne me font pas aimer d’avantage le film.
Cependant, force est de constater que l’univers que nous propose Leone est cruel, sanguinaire et pourtant bien plus réaliste. L’homme est une crapule, on y trouve deux clans qui se font la guerre dans une même ville et un homme au centre, qui tente de faire monter la violence pour s’en mettre plein les poches. Il n’est plus question ici d’acte de bravoure ou d’héroïsme (même si on comprendra plus tard que les intentions d’Eastwood dans le film sont plus complexes). Dans Pour Une Poignée de Dollars (et ce sera le cas dans chaque volet de la Trilogie du Dollars), l’homme agit pour lui et uniquement pour lui. Les quelques personnes lambda ne sachant pas tenir un flingue sont persécuté, nous sommes dans un monde où la loi du plus fort règne en maître.
Cette vision bien plus nuancée qu’a Leone rend ses films bien plus percutants que les Westerns classiques où soit on est beau et gentil, soit on est moche est méchant. Plus réaliste, plus cruel, mais surtout plus humain, les films de Leone ont ça de particulier, ils ont su s’affranchir des codes du genre pour en créer de nouveaux qui certes, à force d’être usés à tort et à travers finissent par être redondants, mais qui, dans de bonnes mains tels que celles de Leone, se révèlent irrésistibles et aucunement clichés.
Alors voilà, Pour Une Poignée de Dollars, c’est le film qui marque cette rupture avec le Western Classique mais ce n’est que l’introduction, le début de cette nouvelle ère qui donnera naissance à de nombreux classiques rediffusés à la télé tous les six mois. Ce n’est pas l’apogée du genre, mais c’est déjà un excellent film divertissant, intelligent. Bref, un incontournable.

James-Betaman

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