Ce film d'Henri Decoin est une énorme surprise et une belle claque dans la gueule. Sur un sujet pas facile, l'alcoolisme, Decoin réussit un truc fabuleux, ayant autant de gueule qu'un grand film américain des années 50, évoquant plus d'une fois Billy Wilder, d'ailleurs, et pas seulement à cause du Poison, loin de là. La lumière est superbe, la mise en scène d'une inventivité et d'une audace qu'on ne croyait à l'époque réservée qu'à la Nouvelle Vague, et les deux comédiens, Michèle Morgan et Henri Vidal (ironiquement mort à 40 piges à cause de l'alcool) sont extraordinaires. Vidal que je ne connaissais quasi pas, est un acteur étonnant, qui oscille sans cesse entre le ton comique et dramatique et parvient à trouver un entre-deux parfait. A l'image de ce film d'ailleurs, qui comme tous les grands films, couvre une palette de sentiments ample, tout en conservant une remarquable unité.