Time travel for dummies
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le 3 déc. 2014
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Vous le savez sans doute sûrement mais la science-fiction est divisible en deux catégories (chacune divisible en une multitude d’autres) qui sont la « soft SF » et la « hard SF ». La « hard SF » met l’accent sur la plausibilité scientifique des faits évoqués, en gros. Predestination n’est PAS dans cette catégorie. Tout le film est basé sur un paradoxe que je ne vous dévoilerai pas mais qui présuppose l’existence d’une boucle infinie. Je sais que j’avais reproché à Interstellar de ne pas tenir debout à cause d’un paradoxe identique mais avant que vous ne me le reprochiez, je vous signale simplement que ce dernier tentait clairement de faire partie de la « hard SF » et échouait donc. Dans Predestination, aucune emphase n’est mise sur la plausibilité, aucun mécanisme de voyage temporel n’est expliqué et seule une limite est précisée (ainsi que certains effets sur le corps). Donc, le fait que ça ne tienne pas debout ne sera pas un reproche que je ferai au film, qu’on se le dise. Ce long métrage est de la science-fiction en ce qu’il utilise des théories scientifiques (principalement les voyages dans le temps) pour réfléchir sur la condition humaine et poser des questions de toutes sortes. Et ça, il le fait très bien. Les rebondissements à répétition du 2e et 3e acte, bien que prévisibles – j’y reviendrai –, amènent de plus en plus à réfléchir au libre arbitre (le film est d’ailleurs très spinoziste dans son approche de la question), à l’évolution personnelle, etc. Le 1er acte, lui, invite plutôt à la réflexion sur notre identité ainsi que sur la place de la femme dans la société.
Les réalisateurs ont réussi à rendre ces allers-retours temporels parfaitement clairs et fluides et rien que ça, ça force le respect.
Je viens de saluer la clarté du scénario et je n’en démords pas : c’est très facile à suivre. Pourtant, en me promenant sur internet, j’ai pu me rendre compte qu’une partie des spectateurs n’avaient pas compris les liens entre les personnages, ni la timeline des événements du film. "Si vous n’avez pas vu le film, je ne saurais trop vous conseiller de NE PAS lire cette partie!." SPOILER : --> Finalement, tout le long du film, on a appris à connaître un seul personnage. On le sait, Jane et John aka « The Unmarried Mother » sont la même personne – comme expliqué dans le premier acte – mais le barman est également lui/elle, ainsi que le « Fizzle Bomber ». En effet, c’est John que l’on voit brûler dans la première scène du film et qui, suite à la chirurgie, change de visage pour avoir finalement les traits du barman (c’est-à-dire d’Ethan Hawke). Dans le dernier acte, on apprend également que le « Fizzle Bomber » est une version plus âgée du barman (donc de Jane, par extension) qui, après de trop nombreux sauts dans le temps – je vous rappelle que son étui n’a jamais pu être désactivé -, a perdu un peu la tête et pense sauver des vies grâce à ses attentats. Ce qui est partiellement vrai d’ailleurs. En tuant le Bomber, le barman se condamne en fait à devenir lui-même le Bomber. Quant au bébé, Jane l’a eu avec John, ce qui signifie qu’elle l’a eu avec elle-même, avant que le barman (donc toujours elle) ne l’amène à l’orphelinat en 1945, faisant ainsi écho à la scène d’ouverture de l’histoire de John et expliquant que le bébé en question est Jane elle-même. C’est donc bien un Ouroboros (le fameux serpent qui se mord la queue) que l’on a puisque Jane donne naissance à Jane, puis finit par être tuée par Jane en aidant entre temps Jane à tomber amoureuse de Jane. Elle n’existe que parce qu’elle se crée elle-même, c’est donc bien un paradoxe temporel. Et oui, aussi, c’est un peu dégueulasse de baiser avec soi-même. Enfin bon, on va dire que c’est de la masturbation améliorée, non ? Bref, ça donne pas très envie…
Créée
le 14 déc. 2023
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