Le lexique du temps
Les nouveaux visages du cinéma Hollywoodien se mettent subitement à la science-fiction. Cela devient-il un passage obligé ou est-ce un environnement propice à la création, au développement des...
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le 10 déc. 2016
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Dès son ouverture, Premier Contact prend le spectateur à contrepied : avant même l’arrivée des vaisseaux, Villeneuve nous confronte à l’intime, à travers les images de Louise Banks et de sa fille un montage qui, tel un prologue tragique, installe un poids émotionnel avant le déploiement de la science-fiction. Je trouve que ça donne au film une densité rare : l’invasion extraterrestre n’est plus seulement un enjeu mondial,mais plus quelque chose de personnel
La première vision du vaisseau, monolithe flottant au-dessus d’un champ embrumé du Montana, est exemplaire de la mise en scène villeneuvienne : dépouillée, presque silencieuse, jouant sur le contraste entre l’ordinaire du paysage et l’étrangeté absolue de l’objet. La verticalité de l’engin, que les scientifiques atteignent en traversant un tunnel inversant la gravité, traduit déjà un peu la perte de repères qui va structurer tout le récit finalement.
La rencontre avec les heptapodes est sans doute l’un des grands moments du film Derrière la paroi translucide, la matérialisation de leur langage — ces cercles d’encre qui s’étendent comme des mandalas mouvants — condense toute la poésie visuelle du film. Villeneuve filme chaque apparition comme une révélation, et c’est fascinant de voir Louise, armée de simples pancartes et de patience, bâtir un dictionnaire fragile face a l’inconnu.
Le film atteint alors son équilibre le plus subtil : à mesure que Louise progresse dans la traduction du mot « weapon » (ambiguë entre « tool » et « menace »), l’intrigue bascule entre tension politique les armées prêtes à tirer et quête intime la découverte que ce langage circulaire modifie sa propre perception du temps. La scène où elle « se souvient » d’un futur dîner avec le général chinois, moment pivot du scénario, illustre cette bascule : le spectateur est pris dans une temporalité qui se déploie comme un peu comme palimpseste.
Techniquement, on voit que Villeneuve maîtrise chaque registre : la photographie feutrée de Bradford Young, aux tons gris et terreux,; le son, entre grondements organiques des heptapodes et les nappes de Jóhann Jóhannsson.Quant à Amy Adams, elle porte le film avec une intensité discrète : son regard absorbé face aux cercles d’encre, ses silences habités, donnent vie à ce récit.
Reste que Villeneuve force parfois le trait. Le rythme contemplatif, assumé, frôle par moments la lenteur, et l’explication finale sur la perception circulaire du temps, martelée dans les dialogues, enlève un peu de mystère à un concept que l’image seule avait déjà rendu puissant.
Mais ces faiblesses n’effacent pas les bon points du film. Premier Contact est une science-fiction qui ose parler du langage et du deuil plutôt que de la destruction et du triomphe. En choisissant de montrer que comprendre l’autre, c’est d’abord apprendre à penser différemment, Villeneuve signe un film rare qui marque l’esprit
Créée
le 20 sept. 2025
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