Denis, Denis, Denis, je ne sais plus comment te le dire, je l'ai déjà exprimé tant de fois ici, mon amour pour toi, mon admiration pour ton génie du 7ème art, ta fabuleuse constance à n'enfanter que des bijoux scotchants...


Mais là, là, là, je ne savais pas que c'était possible mais tu as réussi à franchir un cran supplémentaire dans l'art, en nous offrant cette histoire à la fois bouleversante, moderne, innovante et universelle qui balaie et dépasse tous les codes et les conventions de chaque genre abordé.


Comme dans ton dernier, Sicario, tu places une femme au milieu des hommes, comme pour voir ce que ça donnerait, si on émulsionnait du masculin plein de doutes avec du féminin truffé de courage et de sensibilité...


Louise est donc cette linguiste chargée par les plus hautes autorités de trouver un moyen d'entrer en contact avec les aliens qui, sur plusieurs sites dans le monde, ont amarré leur vaisseau et dont on ignore tout de l'origine et des intentions.


Leur vaisseau rappelle très clairement la grande "porte" noire qu'on découvre au début de 2001, a space odyssey, une sorte de vortex qui ouvre sur un autre monde, un pont reliant les univers en abolissant l'espace-temps.


Visuellement, la première partie du film m'a vraiment rappelé Sicario dans son traitement factuel et réaliste de la vie sur une base militaire, où chacun tente de saisir la mission qui lui est confiée et où Louise tente de faire de son mieux (tout comme Emily Blunt).


Villeneuve nous sert, au milieu de ce monde d'humains en tenues de cosmonautes stériles, de brèves trouées à la Malick (ou Inarritu dans The Revenant), scènes solaires et lyriques, gorgées d'émotions et dont on ne sait pas bien dans quel espace-temps elles se situent. Ces coupes permettent de donner au récit une portée poétique et existentielle certaine puisqu'il est très vite question de la mort d'un enfant.


Toute la brillance du scénario de Denis Villeneuve tient en ce qu'il nous leurre, dans ses deux premiers tiers, en nous livrant un film fantastique au visage singulier, qui dévoile un imaginaire singulier d'une richesse folle (cette histoire de langue en signes encrés, qui font penser aux taches de Rohrschar), qui en font une oeuvre visuellement très aboutie, qui m'a totalement envoûtée.


Et puis il y a ce twist du dernier tiers qui donne une telle envergure à cette histoire qu'on a envie de la remettre au début pour mieux en savourer chaque instant...


René Char écrivait "Comment vivre sans inconnu devant soi ?", indiquant là que notre seule manière de tenir dans notre existence était de ne pas savoir ce qui nous attend... Si nous connaissions l'avenir, comment réussirions-nous à vivre ? Si nous avions en vue les épreuves et les drames, serions-nous à même de continuer quand même ?


Villeneuve nous fait le double cadeau d'un singulier drame fantastique doublé d'une profonde réflexion métaphysique sur le temps, la mémoire, la science, ce que l'on croit certain et acquis et qui n'est au fond qu'une matière friable, comme tout ce qui vit ici-bas...


Même si bien sûr, on pourra tacler ces Américains, toujours prêts à montrer à quel point ils sont des sauveurs de l'humanité, reste que ce film nous place dans une situation inédite, celle d'une confrontation directe avec des extraterrestres et dit bien l'emballement médiatique autour de cet événement qui changerait tellement la face de la Terre... (et que pour ma part, j'appelle grandement de mes voeux !)


J'ai bien sûr pensé à Independence Day (la comédie en moins) à voir ces OVNIS stationnant au-dessus de villes fascinées, mais la comparaison s'arrête là.


Premier contact est un conte de science-fiction métaphysique, enrobé d'une bande originale qui prend aux tripes, servi par un duo central bouleversant (et une sublime et intense Amy Adams) qui nous donne à vivre une histoire d'amour somptueuse, non seulement très émouvante mais visuellement magnifique...


Bref, vous l'aurez compris, ce film ressemble à l'homme idéal : il est beau, intelligent, plein d'imagination, inventif, à la fois bien de son temps et avant-gardiste, sensible, féministe et porté sur la réflexion philosophique...


Merci, Denis, merci : you got me again.

Créée

le 3 juin 2017

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