C'est tectonique

En avant-première dans la mythique salle du Grand Rex, j'ai assisté à une séance de Présidents.
Nicolas mesure 1m82 et que François soit colérique, nous voici projeté en décembre 2021, soit dans 6 mois : la simple inversion suffisant à nous avertir que toute ressemblance etc...
En revanche, Nicolas est marié à une Castafiore, et François confesse que "quand [il] discute avec une chèvre il a souvent le dernier mot", et le scooter est devenu un vélo.
Hypothèse utopique pré-électorale (les élections présidentielles en France devant avoir lieu à la mi 2022), Présidents semble a priori proposer : le reste du monde contre Marine. C'est donc sur un projet de lutte de tous faisant fi de leurs divergences pour la démocratie que commence le long métrage de Anne Fontaine.
Anne Fontaine s'offre surtout le luxe de donner la parole au peuple dans le personnage de Damien, campé par le truculent Jean-Charles Clichet, et son Bushido, la voie du Samouraï ; et de pousser un coup de gueule dans l'exercice de préparation que mène Jean-Jacques, alias Jean-Michel Lahmi. Ces deux comédiens étant des seconds rôles du cinéma comme on n'en fait plus ou presque, et c'est un compliment.
Et puis arrive la deuxième couche, ce n'est plus contre une autre partie qu'il s'agit de se battre mais de se poser sérieusement la question de la troisième voie : la femme.

Et si c'était elle

devient alors un slogan non plus intuitu personae mais une hypothèse à envisager.
Isabelle, alias Pascale Arbillot, devient alors l'emblème d'un futur possible comme alternative à une déchéance terminale de la démocratie : une femme, les bêtes, la nature.
Et Nicolas d'invectiver avec une calme certitude que

personne ne résiste au pouvoir

ni homme ni femme quelque soit sa sensibilité politique.
Et c'est alors qu'apparaît l'épigraphe finale attribuée à Thucydide dans Histoire de la guerre du Péloponnèse :

Un homme qui ne se mêle pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile

Simple, pétillant, uchronie gentiment métaphorique, Anne Fontaine semble nous proposer dans son Présidents une invite, voire un avertissement, à rendre à la politique ses lettres de noblesse, lesquelles reposent sur le citoyen... celui qui votera dans moins d'une année à compter de ce jour.
Bonne séance !