Présidents transfigure Jean Dujardin et Grégory Gadebois en Nicolas Sarkozy et François Hollande pour une rencontre dénuée d’intérêt.


Présidents surgit dans la filmographie de la très prolifique Anne Fontaine comme une réelle surprise. Si l’on avait laissé la réalisatrice avec le très beau Police il y a un peu plus d’un an, le genre de la comédie, ici muée en farce politique laissait présager un certain malaise au vu de ses premières images. Présidents n’en sera ainsi rien qu’une longue balade champêtre dénuée de réel intérêt.


Du gruyère Présidents ?


Parce que l’on est d’abord presque charmés par l’approche plutôt misérabiliste d’un Nicolas Sarkozy en pleine crise existentielle menée par un Jean Dujardin qui s’éloigne de l’imitation facile pour y instiller un véritable décalage. Sa rencontre avec Grégory Gadebois résonne ainsi comme celle de deux hurluberlus enfermés dans un passé qui ne les a pas laissés indemnes. Cependant, passé la surprise de la rencontre, Anne Fontaine n’a hélas rien d’autre à dévoiler et Présidents se transforme en grande bulle d’air qui n’a rien d’autre à proposer que sa surprenante promesse.


Parce qu’à part son fil minuscule fil conducteur, celui de la création d’un nouveau parti porté par les deux candidats pour contrer un certain Emmanuel Macron aux prochaines élections présidentielles, rien ne vient dynamiter cette rencontre ronflante entre deux grands enfants dont les caprices changeront de camp au fur et à mesure du long-métrage. Les formidables Pascalle Arbillot et Doria Tillier, même si la première viendra chiper la vedette à ses deux collègues, n’auront hélas que trop peu de place pour respirer dans un film qui se contente d’observer sans jamais approfondir.


Présidents courtes


Si l’on pouvait s’attendre à une farce mordante sur le pouvoir et sur l’absurdité de confier une place suprême à deux hommes complètement coupés de la réalité, un ermite en plein pétage de câble et un enfant gâté égocentrique, Présidents semble ensuite s’excuser pour se muer en une plate réflexion sur “les vrais gens” et laisser de côté tout ce que le film aurait pu réserver de surprenant.


S’en suivra alors une gênante conférence de presse et un final qui ne l’est pas moins, sacralisant presque après les avoir timidement éraflés deux figures qui n’attendaient qu’à être bousculés bien plus que ce ronflant aller-retour entre Paris et la campagne. En face des uppercuts d’Albert Dupontel (dont le prochain projet devrait d’ailleurs s’attaquer de front aux hommes politiques) sur les marginaux et sur un écart qui se creuse entre le pouvoir et le peuple, Présidents semble faire la sourde oreille. Il porte donc finalement très bien son nom.


Critiques (et bien d'autres choses) à retrouver sur cinefocus.fr

QuentinBombarde
5
Écrit par

Créée

le 26 juil. 2021

Critique lue 126 fois

1 j'aime

QuentinBombarde

Écrit par

Critique lue 126 fois

1

D'autres avis sur Présidents

Présidents
Cinephile-doux
7

Le mou et l'énervé

Le point de départ de Présidents a tout d'une vaste blague. Hypothèse farfelue que celle d'une rencontre corrézienne entre deux anciens présidents de la France et de leur inattendu attelage vers les...

le 3 juil. 2021

13 j'aime

4

Présidents
Sabri_Collignon
6

La République des anciens

Une agréable satire politique qui imagine avec malice le retour sur le devant de la scène d'un duo présidentiel plutôt antinomique en apparence pour contrer la Marine nationale en vue de 2022. Le...

le 6 juil. 2021

12 j'aime

Présidents
Heurt
6

Flamby et l'enervé

L'histoire d'associer les deux derniers présidents (en leur donnant une mission) ressemble fortement à quelque chose. Cela fait furieusement écho à la bd signée par Sfarr et Sapin Héros de la...

le 17 janv. 2023

6 j'aime

3

Du même critique

Jusqu'à l'aube
QuentinBombarde
3

Jusqu'à la loose

Jusqu'à l'aube aurait pu être un concept plutôt sympathique. Des épisodes de 20 minutes dans lesquels un trio d'humoristes est lâché une nuit jusqu'aux premières lueurs du jour dans un lieu soi...

le 11 janv. 2020

25 j'aime

3

Hippocrate
QuentinBombarde
7

Urgence de l'instant

Après avoir sur plusieurs longs métrages traité le thème médical dans toutes ses largeurs, l'ex médecin généraliste Thomas Lilti enfonce le clou (ou la seringue) avec la série Hippocrate qui suit...

le 28 nov. 2018

22 j'aime

1

Énorme
QuentinBombarde
7

La Femme en Sainte

Énorme c'est également la place qu'occupe Jonathan Cohen en cette rentrée particulière. Présent cet été dans Terrible Jungle, et à l'affiche d'une série Netflix et Canal +, l'acteur est omniprésent,...

le 4 sept. 2020

18 j'aime

1