Ce film m'a toujours intrigué. J'en garde toujours un souvenir à la fois précis et très confus. Sans doute car il est très fluide, et visuellement uniforme, si bien que peu de scènes se détachent de l'ensemble de manière mémorable.
C'est pourtant, me semble-t-il, celui dont John Carpenter dit qu'il est son préféré.
Carpenter, l'homme capable de faire des variations sur trois notes de synthé pendant toute la première demi-heure de son film et ça passe quand même.
Le film est fauché, bourré d'effets visuels malins. Le casting est composé d'inconnus et d'acteurs asiatiques chers au cinéaste. Les personnages sont assez typés, ce ne sont pas des héros, mais une équipe de scientifiques assez routinière et de plus en plus dépassée. Les scènes d'action ont même quelque chose, parfois, d'un peu décalé : rappelons que le film précédent de Carpenter était Jack Burton.
Ce qui me frappe le plus au revisionnage, c'est qu'il y a un très gros travail sur les bruitages, le son, pour compenser le petit budget : suivre le film juste pour sa bande-son serait presque suffisant. La bande-son a beau sembler répétitive, elle est toute en volutes et en luxuriance, un vrai voyage sonore. Presque un opéra sans paroles.
La réalisation est assez hachée, avec des plans cours et nerveux, alternant avec des cadrages fixes plus classiques. Globalement, le film a la claustrophobie qui rappelle Assaut. Au fond, c'est Carpenter qui revient à ses premières amours, mais avec toute l'expérience accumulée entretemps.
Ce qui me gêne, c'est que le scénario n'est qu'un prétexte à la mise en scène. Cette histoire d'Antéchrist d'origine extraterrestre est sacrément filandreuse, et les scènes d'exposition sont de loin les plus faibles. Mais tout tient, par la magie du montage. Simplement, une fois le film terminé, la magie retombée, on se rend compte que l'histoire était des plus basiques et bébêtes.