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Prince of Persia est un film qu'on a beaucoup critiqué. Et de la critique, il y en a à faire.


Oui, les effets spéciaux sont pas terribles. Pas choquants, mais pas terribles.
Oui, les perses sont joués par des occidentaux. Encore une fois, pas hyper choquant non plus.
Oui, deux cent millions c'est cher pour ce résultat. S'il suffisait de foutre de la thune dans la production d'un film pour pondre quelque chose de bien, ça se saurait.
Oui, le scénario ne casse pas des briques. Il n'est pas horrible non plus, et a même quelques qualités insoupçonnées, je reviendrai dessus. On a surtout la sensation qu'il se répète un peu, avec la princesse qui trahit Dastan à de multiples reprises, ce dernier qui convainc successivement ses deux frères qui se font immédiatement assassiner... On aurait pu couper une demi-heure, je pense. Mais c'est la fin, bien qu'émotionnellement satisfaisante, qui casse tout : toute l'intrigue repose sur l'idée qu'il ne faut surtout pas toucher aux sables du temps... ah ben non en fait, pas de soucis. Ça sent le happy ending made in cahier des charges.
Oui, les personnages non plus sont pas toujours très fins. La princesse est une fausse femme forte, —surtout à cause de la fin— et quand tu vois Ben Kingsley avec de l'eyeliner, tu sais qui sera le méchant.


Mais étrangement, le point le plus important pour moi est souvent assez peu évoqué : c'est terriblement mal filmé. Et pas que les scènes d'actions, à la truelle shaky cam épileptique classique. Mike Newell a une obsession pour les gros plans, souvent sur des visages, au détriment de plans larges qui permettent de situer l'action dans l'espace —je parle de l'action en général, pas nécessairement des combats—. Le cadrage est complètement hasardeux, en particulier pour les cabrioles de Jake Gyllenhaal, ce qui est rageant quand on sait à quel point leur mise en scène est spectaculaire dans le jeu vidéo. Et le montage est lui aussi aléatoire, donnant par moments un rythme terriblement bâtard aux scènes.


Quels points positifs peut-on malgré tout retenir du film ?
D'abord, le jeu d'acteurs, parfois décrié, mais assez honnête je trouve. Le couple Gyllenhaal/Arterton fonctionne bien, tous les deux étant de sacrées tête de mules.
Ensuite le thème de la fratrie, assez intéressant, qui couvre l'amour, la jalousie, les liens du sang, les frères ennemis, etc. Ça sent beaucoup la testostérone —Arterton étant la seule femme ayant une ligne de texte dans tout le film !— mais ça a le mérite d'être bien exploité.
Puis, c'est divertissant : le film est suffisamment bien rythmé dans son ensemble pour accrocher, et je ne me suis pas ennuyé.


Mais enfin, je voudrais revenir sur quelque chose qui m'a sauté aux yeux durant le visionnage et que j'ai trouvé sévèrement burné pour une production Disney : Prince of Persia est une critique des faucons américains et de l'invasion de l'Iraq en 2003. Vous ne me croyez pas ?


C'est l'histoire de l'éminence grise d'un empire très puissant —l'oncle—, qui a recours à des black ops utilisant la torture —les Hassansins—, et qui manipule un leader inexpérimenté et naïf dont il a la confiance —le prince héritier— pour envahir un territoire grâce à un faux rapport d'espionnage mentionnant l'existence d'armes de qualité supérieure qu'on ne trouvera jamais une fois l'invasion effectuée. La vraie raison étant de faire main basse sur une richesse se trouvant dans le sous-sol —les sables du temps— pour le gain personnel de l'éminence grise ! On notera que le roi —peut-être l'incarnation de l'idéal américain, ou de son peuple— réprimande son fils en disant que les alliés de l'empire n'approuveront pas cette invasion et qu'il faut plus que des suppositions pour lancer une guerre. Et que le but de l'oncle, donc des faucons, est de supplanter le Roi, l'idéal américain, réécrire l'histoire et tout le toutim.
Rien que pour ça, j'ai envie de donner un peu plus que la moyenne à Prince of Persia, malgré tous ses défauts.


Bref, Prince of Persia est un film bourré de défauts, dont celui d'être horriblement mal filmé, mais au scénario plus fin qu'on pourrait le croire au premier abord.

Bastral
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le 11 juin 2018

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Bastral

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