À première vue, Caught Stealing n'avait rien pour attirer mon attention : entre son affiche douteuse, son synopsis générique et un casting de seconde zone. J'ai franchi le pas par intérêt pour Darren Aronofsky dont je n'avais encore vu que trois films (Requiem for a Dream, The Wrestler, Black Swan) et à qui j'avais collé quelques étiquettes que j'étais curieux de mettre à l'épreuve.
Malgré le palmarès de films oppressants, glauques et traumatisants de son réalisateur, Caught Stealing est vendu par sa bande-annonce (horrible nid à spoilers, à ne surtout pas regarder avant le film) comme une comédie légère avec de gangsters et un petit chat mignon pour attirer votre copine. C'est vrai, dans une certaine mesure, car le film mélange les genres et oscille entre comédie, thriller et drame, mais les enjeux sont sévères dès le début, et le film est bien plus sombre et violent qu'on voudrait vous le faire croire.
Ce constant mélange de genres est à la fois une qualité et un défaut. Ses pointes de comédie et son humour de situation apportent des respirations bienvenues entre des scènes pesantes, mais certains changements de tons tombent comme des cheveux sur la soupe, quand un personnage sort une blague potache juste après un évènement tragique. Ces soucis de timing m'ont sorti une ou deux fois du film, alors que son rythme soutenu et sa propension à sans cesse me surprendre auraient pu en faire un nouveau classique que j'aurais recommandé sans réserves.
Il y a aussi un vrai problème de casting, quand certains personnages sont drôles et bien écrits, mais que leur interprétation ne leur rend pas justice. Austin Butler fait le taf, mais m'évoque toujours une version bon marché de Charlie Hunnam ou Travis Fimmel. Zoë Kravitz m'a laissé aussi indifférent que dans The Batman, et Regina King gâche le potentiel de son personnage par son charisme inexistant. Si c'est vraiment le fleuron d'une nouvelle génération d'acteurs, je comprends mieux pourquoi on s'accroche éperdument aux vieilles gloires d'antan.
J'en suis sorti en ayant très envie de remater "True Romance" (meilleur casting de tous les temps, soit dit en passant), mais aussi avec l'impression diffuse d'en avoir vu une version au rabais. Et à posteriori, c'est assez injuste, car Caught Stealing a beaucoup pour plaire, et même s'il souffre mal la comparaison avec le classique absolu de Tony Scott, il n'en reste pas moins un bon divertissement bourré d'énergie, de rebondissements surprenants et servi par une mise en scène de haute volée.