Il sera question dans cette critique du dernier film de Darren Aronofsky, réalisateur notamment connu pour Requiem for a Dream ou pour The Wrestler.

À vrai dire, c’est à ce moment-là que j’ai arrêté de suivre sa carrière. J’ai peut-être vu un film de lui des années 2010 par accident, mais je le pense pas donc mon dernier contact avec lui remonte à The Wrestler.

Pour ce rattrapage, j’ai donc visionné son dernier film en date appelé Pris au piège.L’histoire raconte celle d’un gars normal qui travaille dans un bar, qui a vu ses rêves de jouer au baseball s’envoler et qui donc mène une vie standard à New York, mais un jour cette vie sera bousculée quand son voisin va lui confier son chat et à partir de là une succession d’emmerdes va lui tomber sur le coin de la gueule.Ça, c’est le résumé.

Vous le savez maintenant : dans mes critiques cinéma, je spoile tout le film parce que pour moi parler d’un film de bonne manière ne peut pas être fait sans dire quelle est l’histoire et comment elle se finit. Donc l’histoire concrète, la vraie histoire, c’est que son voisin est un dealer de drogue et il garde pour la mafia russe et pour les juifs orthodoxes un gros paquet de pognon, mais ce dernier doit vite partir pour rejoindre son père en Angleterre car celui-ci est mourant et comme il part sans donner de nouvelles et sans avertir personne, ses partenaires(on va dire) pensent qu’il les a doublés et vont donc s’en prendre à la personne qui est selon eux est potentiellement la seule qui peut les aider à savoir le héros du film interprété par Austin Butler.

Tout le film est basé sur un immense coup de malchance. Il n’y a aucune mauvaise volonté du voisin de piéger son pote et chez le héros du film il n’y a aucune volonté de cacher des choses non plus : c’est juste que chaque événement qui va se produire est un manque de bol pas possible.

Mais surtout, ça va entraîner des drames : le personnage principal va au début du film, après l’attaque des Russes, perdre un de ses reins et très peu de temps après va perdre sa petite copine qui aura été exécutée.

Ce qui est d’ailleurs un moment charnière du film vu que la petite copine est interprétée par Zoë Kravitz. Tout laissait penser que le couple allait former un tout et être le personnage principal du film.

Et bien non, elle meurt dans les 30 premières minutes du film et pourtant c’est un peu un tour de force je trouve que sa mort est impactante parce que tout comme le personnage de Butler, son personnage fait très vrai.

Ils ont une vraie complicité : en fait ils étaient mignons tous les deux, dysfonctionnels certes mais attachants parce que voulant s’en sortir.

Ça me fait penser à une interview qu’a donnée John McTiernan il y a quelques années où il disait que le cinéma hollywoodien actuel a oublié de parler au prolo pour être vulgaire, aux gens d’en bas, à la majorité finalement.

Et bien je trouve que ce film retrouve ce côté authentique à nous parler de personnes qui nous ressemblent pas dans le sens ressembler physiquement et dans le sens eh bien leur vie c’est un peu la nôtre : c’est des galériens, on est la majorité à avoir une vie comme ça finalement.

On fait tout ce qu’on peut pour avoir la meilleure vie possible, mais parfois sur un manque de bol tout peut se casser la gueule.

Et bien ce film c’est ça en grande partie. L’autre partie qui est intéressante et je trouve rafraîchissante, c’est son côté film qui date d’une autre époque.

Avec ce film, j’ai eu l’impression de remonter dans les années 90 : il est dans cette lignée de tous ces films en fait où des personnages banals se retrouvent mêlés à des histoires de mafieux ou de gouvernement ou de trucs comme ça.

Sur un coup du sort ou sur une malchance à cause d’un objet.

Rien qu’en vous disant ça, vous avez déjà une liste de films dans votre tête.

Et je pense que c’est intentionnel parce que le film se passe en 1998.

Et vu que l’un des tous premiers plans du film est un plan des tours jumelles filmées de nuit comme une sorte d’ombre, j’ai l’impression qu’avec ce film Aronofsky reviendrait presque à l’âge de l’innocence quelque part.

L’époque qui l’a certainement fait aimer le cinéma, une époque qui nous paraît lointaine avec un monde qui a complètement changé.

Malgré la noirceur du film qui est quand même assez noir, malgré sa violence, il a un côté film doudou sans être nostalgique.

Il va pas te balancer des grandes chansons populaires des années 90, il ne va pas jouer avec le code visuel des années 90 : non, il va jouer avec le cinéma des années 90.Il va reprendre des codes, il va reprendre des thématiques et il va reprendre des situations et ça m’a fait un bien fou en fait. C’est fou à dire mais quand j’ai vu ce film qui dure 1 h 40 à peu près, ben j’étais bien malgré les morts qui pleuvent : j’ai eu l’impression de revenir en enfance.

(Comment ça je regardais des films violents quand j’étais petit ?)

Et puis aussi ce côté un peu décalé : le film est très sérieux et très grave, mais il y a toujours des personnages marqués et très atypiques. À ce niveau-là, il fait un peu penser aux personnages un peu loufoques qu’on pouvait avoir chez Tarantino quand il était scénariste.

Pour moi ce film c’est une espèce de mélange entre Taxi Driver et True Romance.

Ce personnage loser mais attachant qui se retrouve confronté à la dureté de la rue new-yorkaise et avec ses malfrats hauts en couleur.Et puis surtout le thème principal du film c’est d’arrêter de se sentir coupable pour la mort d’un autre : le personnage ne va faire que ça de tout le film, se sentir coupable de toutes les morts qu’il va y avoir.

Parce qu’il n’avait jusqu’à présent jamais extériorisé le fait qu’il se sentait déjà coupable d’une mort qu’il avait causée accidentellement quelques années avant.

Il a fait le deuil de sa culpabilité dans ce film et chacune des épreuves qu’il traverse, chacun des drames qu’il traverse lui permet de se sauver.

Le rein qu’il perd dans le film au début, c’est ce qui va faire en sorte qu’il va arrêter l’alcool ; le fait de perdre sa copine, ça va lui faire prendre conscience qu’il doit enfin prendre sa vie en main.

Perdre son patron va lui faire prendre conscience qu’il n’a pas besoin de rester enfermé à se morfondre.

Et perdre son voisin va lui faire réaliser que la vie peut s’arrêter à tout moment et c’est marrant de se dire qu’il est toujours pas réalisé après tout ce temps.Et en termes de réalisation, eh bien c’est quand même un réalisateur qui a du bagage : le film est extrêmement bien rythmé, les scènes un peu plus intenses sont vraiment tendues, il y a une vraie science de la scène de tension.

Il y a pas vraiment de prouesse de réalisation sur le plan technique : il y a pas de plan séquence de fou, il y a pas des plans magnifiques, c’est un film assez intimiste, assez petit finalement.

Mais il est efficace : chaque scène marche, que ça soit une scène romantique, que ça soit une scène de torture, une scène de fusillade, une scène de course-poursuite ou juste une scène de tranquillité.

La grande force de ce réalisateur c’est d’être un immense directeur d’acteurs.

Et ce film n’en fait pas exception : déjà qu’il a des acteurs brillants de base, mais en plus il leur fait jouer des trucs vraiment extrêmement bien.

Austin Butler est un acteur déjà très talentueux et même s’il a déjà des rôles plus marquants, je trouve que c’est son rôle le plus humain et le plus subtil ici en termes de jeu.

D’ailleurs jusqu’à présent dans tous mes rattrapages, dans tous les films que j’ai vus cette année, c’est la performance d’acteur masculine que j’ai préférée.

Du peu qu’on voit Zoë Kravitz, pareil elle est très très bien et après je trouve qu’Aronofsky joue un peu avec l’image qu’elle a maintenant c’est-à-dire post The Batman, parce qu’il en fait presque une nouvelle Selina Kyle.

C’est fou de se dire à quel point le rôle de sa vie était sous ses yeux depuis tant d’années à cette fille : elle est Catwoman physiquement et naturellement, elle a ce côté animal dans toute la scène de sexe du film, c’est Catwoman dans un autre film.

Tous les autres acteurs sont aussi très bien, beaucoup plus hauts en couleur par exemple Matt Smith qui est le voisin qui joue une espèce de punk des 90 avec sa crête : il est très drôle.

Les méchants sont eux aussi très drôles mais aussi très cruels que ça soit les Russes ou les juifs.

Vraiment j’ai adoré ce film : comme quoi c’est vraiment pas les films qui m’auraient parlé à première vue qui sont en train de me le plus plaire cette année.

Ballerina,

Eddington

et donc ce film-là.

Je vous le conseille : comme je l’ai dit en plus le film est pas très long, il est très bien rythmé, il est brutal, il est drôle, il est bien écrit, il est très bien joué : c’est une capsule qui vient tout droit des années 90 qu’on réouvre presque 30 ans plus tard.


Merci d’avoir lu.



Maverick_D
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