Ca faisait longtemps qu'un film ne m'avait pas surpris de cette manière. Le genre de film où on doit trouver un sens à ce qu'on regarde, sous peine de se dire que vraiment, le monde n'a pas de sens. Un peu comme l'un des enquêteurs du film qui, face à la colère Jake Gyllenhaal devant une théorie qu'il vient d'énoncer qui ne convient pas à Jake, dit :"That, I can't reconcile";


Et le meilleur sens que j'ai trouvé à ce film, c'est l'exploration de "L'interdit". L'interdit que les protagonistes (et antagonistes bien sûr) franchissent. L'interdit dans le sens où bien sûr, "on a pas le droit" de faire quelque chose (la quasi-totalité des scènes avec Hugh Jackman), mais surtout, l'interdit dans le sens : "si je prends ce chemin, jamais je n'en reviendrai" : c'est un sens interdit... Ce qu'on retrouve d'ailleurs dans le thème du labyrinthe parcourant le film.


Ce que j'ai trouvé passionnant, ce n'est pas l'exploration du thème du labyrinthe comme mystère (mis en avant dans le magnifique Zodiac de Fincher avec le même Jake <3 <3, où le mystère pousse les personnages à se révéler, se positionner par rapport à l'énigme) mais bien plus le labyrinthe comme : "tu vas vas te perdre" et "tu vas tout perdre" : les repères, la famille, la foi... Ce n'est pas tant que tu vas changer (ça serait rassurant d'une certaine manière : on change, donc on veut autre chose), mais plus que ce qui t'entoure n'a plus de sens, au point où tes actions n'en ont plus également. C'est d'ailleurs le propre d'un labyrinthe il me semble : on prend une direction, et on se convainc que c'est la bonne. Et si cette direction est justement celle qui nous éloigne le plus de la sortie ? C'est un risque à prendre, sinon, point de résolution. Autant faire du sur place. Mais cette irrémédiabilité des décisions prises ici (consciemment ou non) glace le sang et illustre à quel point une fois qu'on se lance dans l'une des allées du labyrinthe, on est prisonniers des haies qui nous entoure. Demandez à Jack et Dany, ils ne vous en diront pas moins.


Prisoners est un film déprimant, c'est certain. Est-ce qu'il s'agite pour tourner en rond ? Peut-être. Mais c'est sûrement le but. Est-ce le film le plus subtil du monde ? Pas forcément... C'est d'ailleurs l'une des sources d'énervement que j'ai avec ce film... Mais face aux grosses bottes un peu pataudes de Villeneuve et Guzikowski, je fais confiance à Jake, Hugh, Paul, Viola, Maria et leur clique pour venir me hanter de quelques émotions, quelques comportements à peine visibles lors du premier visionnage dans les prochains jours pour me faire comprendre que c'est moi, the "*f**king rat in a maze"*

Draiv
8
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le 27 nov. 2020

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