L'essence du cinéma d'amusement

Promare est loin d'être le genre de film que j'apprécie. Je n'en étais pas certain avant de le regarder mais j'avais de gros doutes concernant ce que je pourrais en penser. Et ce malgré les critiques dithyrambiques (mot à utiliser pour donner plus de crédit à vos propos) que je voyais fleurir un peu partout, notamment sur ce site. Et puis, un ami m'en a dit tellement de bien que, à un moment il a bien fallu, je l'ai vu.

Et alors, comment dire ... Bah le studio Trigger fait du "Trigger". Celui spécialisé dans le "je mets plein d'actions partout, dans tous les sens pour pas que le spectateur se rende compte que je ne sais pas développer une histoire" a fait ce qu'il savait faire de mieux : de l'action partout, dans tous les sens. Et maintenant que j'ai calé ma petite pique qui fera fuir les fans inconditionnels du studio, je vais un peu nuancer mes propos et vous expliquer pourquoi ce film, pour moi, ne vaut pas plus qu'un "meh, c'est sympa mais bon ... sans plus".

Je saurais difficilement vous résumer ce film, donc passons directement à mon avis. Procédons étape par étape et commençons par les points positifs. Dès le début, et jusqu'à la fin, ce film nous met une claque visuelle : une recherche des couleurs, une 3D aux petits oignons, une 2D non moins réussie. Et pour aller de pair avec ce visuel, le travail sur la musique est aussi un élément qui prend une place importante. Dès l'entrée et son introduction efficace, le film pose ses règles : vous allez voir du grand spectacle et soyez attentifs parce que ça va aller vite.

"Ça va vite". C’est ce qu’on pourrait dire après avoir lu la partie de ma critique concernant les points positifs de ce film (parce que, oui, elle est terminée). Mais c’est aussi ce qu’on peut dire à n’importe quel instant du visionnage de ce film. Et je dirais même : "Ça va TROP vite". Ce film ne connait que le "tout blanc" ou le "tout noir", le "rien" ou le "tout". Les curseurs sont soit au maximum, soit au minimum. Ce que je veux dire par là c’est que j’ai l’impression que le réalisateur a décidé que quelques aspects de son film auraient le droit à un travail de dingue alors que d’autres n’auraient droit à rien. Mettre le paquet sur certains points, c’est une bonne chose quand il s’agit de l’animation, du visuel, … mais parfois ça manque et d’autres fois c’est trop. Je parle ici du rythme de ce long-métrage. Il se passe à chaque instant beaucoup trop de choses à l’écran. On ne nous laisse pas le temps de suivre quoi que ce soit. Et pourtant on aimerait profiter de ce que ce film a à offrir. Mais non, il en a décidé autrement.

Et c’est pareil pour la musique. Son volume est constamment au maximum comme si son seul intérêt était de créer une espèce de brouhaha de fond. Et pourtant on aimerait vraiment pouvoir écouter ces superbes musiques. Mais non, à la place de cela, j’ai eu l’impression qu’il y avait 3 musiques qui tournait en boucle. Alors oui, ça donne ainsi de l’importance aux scènes qui sont plus calmes. Mais au bout de 1h50, je n’en pouvais plus. J’avais l’impression d’avoir couru un marathon. J’avais l’impression d’avoir subi ce film.

Enfin … ce "film" … En terminant son visionnage, j’avais plus l’impression d’avoir vu un clip ou plus … une bande démo. C’est ça, ce film est une bande démo. Et une très bonne bande démo. Mais "un très bon film", ce n’est pas ce que je dirais.

Parce que, à part des beaux visuels et des bonnes musiques, il reste quoi ? Je n’ai pas trouvé. Je n’ai rien trouvé d’autre que ça. C’est déjà pas mal, je suis d’accord. Mais personnellement, je recherche bien plus : de la mise en scène originale, des personnages complexes, un message percutant et bien amené. Et ça, je ne l’ai pas retrouvé dans ce film.

Il y a bien 2-3 trucs sympas. Par exemple, les quelques moments où, sur le même plan, on retrouve en gros plan le visage de deux personnages qui se font face. J’aime aussi beaucoup la scène où le personnage principal et une camarade de son équipe de pompier "dansent" sur un lac gelé. Mais en dehors de ces deux points que j’ai retenu, le reste de la mise en scène me parait fade ou vu et revu. Tout comme la façon dont le message sur la discrimination et l’écologie, peut-être un peu classique mais intéressant, est développé.

Enfin, pour terminer de développer mon ressenti sur ce film et avant de conclure, je voulais revenir sur quelque chose qui m’a un peu dérangé : la simplicité (un peu trop poussée à mon goût) avec laquelle est écrit le scénario. Ce film est prévisible du début à la fin. Tout sort de nul-part et pourtant on l’avait anticipé. Ce film est un enchevêtrement de "Deus ex machina" tout du long. Et même si le réalisateur se moque lui-même de cela et en joue, pour moi, ça ne fonctionne pas.

Pour conclure, j’aimerais dire que, même si j’ai plus évoqué de points négatifs que positifs, je n’ai pas détesté ce film. Je ne pense pas que ce film soit mauvais. Il est même bon, d’après moi. Bon pour ce qu’il souhaite être. Une "chose" sortie de nulle part, un spectacle extraordinaire (dans le sens étymologique du mot : non ordinaire). Mais je ne comprends pas l’engouement pour ce film comparé à d’autres. Prenons par exemple, dans un tout autre genre (quoi que ?), Star-Wars IX (auquel je donnerais probablement la même note). Pour moi, les deux films sont proches en de nombreux points : beaux à voir, beaux à écouter, et c’est tout. Mais quand l’un se fait encenser, l’autre se fait détruire. Pourquoi ? Quelle vraie différence avez-vous trouvé dans ce que partagent ces deux créations ?

Pour moi, Promare est un beau film mais incomplet. Malgré tout, il arrive à capter l'essence du cinéma d'amusement et à le retransmettre avec brio. D’où ma note de 6/10.