Prostitution
6.7
Prostitution

Documentaire de Jean-François Davy (1975)

Sympa ce docu.


Davy y suit donc des putes ; les intervenantes sont intéressantes, dévoilent de belles anecdotes. Ce qui est bien c'est que l'auteur n'essaie pas démoniser la chose ni de dresser un portrait bienveillant : on découvre donc 'le milieu' avec ses hauts et ses bas (en fait ce n'est pas le milieu, disons plutôt qu'il s'agit d'un aperçu au travers de quelques putes) et cela reste respectueux du début à la fin. On apprend pas mal de choses (j'ai été surpris par la question du racisme), surtout à se remettre en question, ne fut-ce que par l'intelligence de certaines personnes passant devant la caméra ; la dernière putes est d'ailleurs assez incroyable, passionnante à écouter. Il y a des scènes reconstituées, c'est dommage de ne pas le dire dans le documentaire même ; l'auteur ne le cache pas dans ses interviews (c'est comme ça que je l'ai su), mais le fait qu'il ne le dise pas directement dans le film donne l'impression qu'il triche (surtout que la passe qui déroule mal est assez trash dans le sens où le réalisateur n'intervient jamais).


Notons tout de même quelques chutes de rythme avec les extraits de ce congrès : le problème c'est que le son n'est pas très bon et que ce que l'on y voit n'est pas terrible (forcément, la salle est comble, le réalisateur n'a pas une grosse équipe, il doit donc construire sa mise en scène autour de seulement quelques plans au mouvement compliqué). Les interviews après le congrès sont intéressantes, notamment celle avec ce travesti qui dit pas mal de choses intéressantes.


La mise en scène est plaisante, Davy filme toujours bien ses 'acteurs', sa caméra les suit là où il faut ce qui lui permet de tirer de très bonnes images. L'esthétique n'est pas particulièrement travaillée mais il y a ce grain typique de la décennie que j'apprécie tout particulièrement (ça me fait toujours penser à Dirty Harry , ç'aurait été cool qu'il débarque en plein milieu d'une passe, le magnum en main). Le réalisateur a vraiment su trouver des gens intéressants. Bon on retiendra surtout la rouquine principale ainsi que la dernière intervenante, mais les autres sont également assez généreuses (je pense notamment à la vieille).


Ce film m'a conforté que nous visons vraiment pieds et poids liés à nos conventions sociales ; une des conséquence, c'est que ce qui n'est pas 'normal' est dénigré, comme les travestis, comme les prostituées. Et c'est vrai que je n'avais jamais vraiment réfléchi à ça, mais il est difficile pour un travelo de trouver un autre métier que prostituée. À quand un monde où un PDG pourra se travestir lors d'une réunion ? Je dis ça mais en même temps je reconnais l'importance des conventions, hélas. Encore que... je serais tout de même curieux de voir ce qu'il se passerait si toute une nation s'ne passait. Mais dans le cadre du particulier, s'en défaire me paraît suicidaire. J'ai lu un petit article récemment sur ces transsexuel au canada je crois qui a réussi à faire passer son enfant pour un sexe indéterminé afin de lui laisser le choix d'être garçon ou fille plus tard. Mais comment ce gosse pourra se créer des repaires s'il n'a pas une identité de base. Je pense qu'il est plus salutaire de conserver le sexe 'infligé' par la nature et ensuite de l'accepter ou d'aller à son encontre avec l'appui des proches. C'est un peu comme le débat sur le manichéisme : bien sûr le manichéisme dans la réalité nuit au débat car ça généralise, ça réduit. Mais dans une histoire racontée, c'est nécessaire afin d'avoir des repères de ce genre, surtout pour un enfant ; le manichéisme n'empêche absolument pas un enfant de s'épanouir de s'ouvrir aux autres. Après, je ne dis pas non plus qu'il faut condamner les films non manichéens, au contraire, ça fait aussi partie de l'éducation culturelle. Mais pour en revenir à la marginalité, ce ne doit pas être imposé par des parents, ce doit être un choix, un choix respecté par autrui (et il faut que le comportement marginal soit lui aussi respectueux des autres, ça va dans les deux sens).


Bref, c'était intéressant, dommage pour les petites chutes de rythme.

Fatpooper
7
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le 9 juil. 2017

Critique lue 313 fois

2 j'aime

Fatpooper

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