Proxima est un film sur une spationaute qui s'apprête à s'envoler pour la plus grande expérience de son existence mais qui nous touche d'abord par l'attraction terrestre pour sa petite fille qu'elle va quitter pour une très longue période. Alice Winocour, dont le cinéma ne laisse jamais indifférent par le choix de ses sujets et leur traitement original (Augustine, Maryland), réussit dans Proxima la très difficile conjonction entre le réalisme documentaire (l'entraînement des spationautes avant leur mission) et l'émotion pure, symbolisée par la relation fusionnelle entre une fillette et sa mère. Un équilibre qui passe par une scène assez peu crédible vers la fin mais qui touche au plus profond. Fascinée depuis son enfance par la conquête de l'espace, la réalisatrice a choisi de rester les pieds sur terre pour rappeler que l'intensité des sentiments humains valent toujours largement plus que n'importe quels effets spéciaux. Et sa sensibilité la pousse très loin sans pour autant verser dans l'impudeur ou les débordements lacrymaux. C'est peu de dire qu'on n'a jamais vu Eva Green jusqu'alors aussi touchante et mise à nu devant une fillette prodigieuse, Zélie Boulant-Lemesle, qui joue avec un naturel stupéfiant sur toutes les palettes sans jamais s'apparenter à un singe savant. Il serait tentant de parler de Proxima comme d'un film de "femme" mais il serait dommage que les hommes le dédaignent. Ils risquent fort, eux aussi, d'être bouleversés par ce lien, aussi rarement montré de cette façon, qui existe entre une mère et son enfant.

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le 10 nov. 2019

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Cinéphile doux

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