Il y a, chez nos lumineux voisins ibères, une veine sombre qui palpite fortement, en ce moment... Cette année, je m'y suis abreuvée à la faveur de la lecture d'un livre de Victor del Arbol (La vispera de casi todo) aussi bien qu'à celle d'un livre pas encore publié en France (Madrid : Frontera, récipiendaire d'un prix Hammett 2017 du roman noir). On dirait qu'ils n'ont pas tellement le moral, les espagnols. La faute à la crise de 2008, à l'austérité européenne, aux relents franquistes diffus qui flottent encore dans l'air de certains partis politiques dits modernes ? Toujours est-il que ce film d'animation à l'esthétique soignée ne fera pas mentir la tendance... Dans un monde ravagé, en crise écologique grave et scindé en classes sociales que tout oppose (ça va, ça rappelle assez l'actualité?), des ados font face à la débâcle généralisée et se cherchent dans la fuite et la drogue. Chtung (bruit de l'enclume qui s'abat traîtreusement sur le spectateur alléché par les quelques premiers plans tout jolis...) ! Pourquoi faut-il donc que l'ado soit le personnage incontournable de toute méditation sur la fin du monde ? Je peine à croire que ce film lugubre et parfois abscons s'adresse à lui exclusivement. J'ai failli jeter l'éponge à trois reprises au moins, mais j'ai espéré jusqu'au bout qu'une conclusion finaude sauve l'ensemble du misérabilisme le plus glauque. C'était un peu trop demander, dirait-on. Si l'histoire arrive à une sorte de dénouement qui ne choisit pas entre naufrage et renaissance, l'expérience s'avère malgré tout un peu stérile. Faut-il encore faire le constat que tout va super mal ? Qu'on est voués à la géhenne ? Cuits. Et pourtant passés si près d'une réalisation éblouissante... Au final, je me suis impatientée et j'ai fini le visionnage passablement énervée parce que déçue. Bon, j'ai qu'à faire mes films moi-même, si je ne suis pas contente, je sais, mais je passe mon temps à écrire des critiques, ça ne me laisse pas le loisir de créer... ^^