Psychose déroule une tension narrative à la limite du supportable, diaboliquement bien ficelée, et affiche en plus, dans sa forme, un sens incroyable du détail cinématographique, du cadrage, des jeux d'ombre et de lumières, des jeux d'acteurs... Certaines prises de vue notamment sont tout simplement d'un modernisme effarant (siphon de la douche, escalier de l'étage de la maison et le travelling vers la porte...)
Mais surtout : le tout est véritablement mené avec une conception - dans les deux sens du mot - assez diabolique du suspense et de la terreur. Ici le talent d'Hitchcock fait du cinéma l'outil horrifique par excellence (J'avoue avoir eu une frousse assez magistrale lors de la scène ou Lila remonte vers la vieille maison pendant que Sam discute avec Norman.. Une frousse pour du vent, car il ne se passe absolument rien ; Hitchcock est un vrai prestidigitateur...)
Là ou la première partie du film n'est en fait qu'un avant-goût, la mise en marche d'un engrenage culminant avec la scène aussi humide que célèbre, le reste est encore plus efficace car s'amuse à jouer la provoc' du "disque rayé", c'est à dire peur du recommencement morbide de l'histoire... Et voilà qu'on se laisse avoir, regardant se dérouler très progressivement, douloureusement même, les détails du drame.