(spoilers inside)
Dressed to Kill nous présente le portrait d'une femme, d'abord nue sous la douche, se caressant sensuellement en regardant un homme, son mari, en train de se raser. Elle est libre de sa jouissance, est-ce un rêve ? La scène suivante, nous la retrouvons sous le corps de son mari, femme-épouse soumise au désir masculin. Ensuite, c'est la femme-mère qui apparaît, dans un dialogue avec son fils. Vient enfin la séance avec son médecin psychiatre, où elle parle de sa propre mère, s'infantilisant alors sous le regard de l'analyste-père.
Kate Miller est une femme complète. Tous les visages de la féminité sont réunis en elle et se mélangent alors face au psychiatre puis lors de la scène du musée. Elle y croise en premier lieu la figure de l'amazone puis se retrouve face au regard d'une peinture qui l'observe observer un jeune couple, une famille et lorsqu'elle observe l'homme, c'est le gorille qui la regarde. Dans les allées et venus qui suivent, c'est un cache-cache enfantin, coupable par la présence de l'alliance au doigt, puis adultère qui dessine, toujours entouré d’œuvres d'art où le corps féminin s'expose nu.
Dans l'après coup de l'adultère réalisé, tous les visages féminins se bagarrent : l'adolescente écrit avec maladresse des lettres d'amour à son amant, la mère et l'épouse inquiète appelle le domicile familial. La femme cherche sa culotte plutôt que son alliance.
Néanmoins, Brian De Palma a sûrement lu Lacan : la femme n'existe pas ; alors le réalisateur la tue.
A sa place viennent une prostituée charmante et une personne torturée par la recherche de sa féminité. Les voilà les vraies femmes ! Bien joué Brian ! Celle qui s'habille pour tuer prend pour arme un rasoir masculin, bien évidemment. Les hommes présents sont tous hommes de science, à la recherche de la vérité : les psychiatres, le fiston surdoué mais aussi le policier débile. C'est beau de causer de transsexualité avec ces archétypes intemporels.
Fin.