Le milieu du crime ne fait plus autant rêver, les studios hollywoodiens nous avaient autrefois habitués à un autre standing, en enjolivant le train de vie de ces racailles en costard qui finissaient toutefois rarement par des happy end. On parle souvent d’argent facile, mais les dealers n’ont pas toujours la vie de château, d’autant qu’il faut savoir composer avec les imprévues, ainsi que tout un microcosme de raclures et de camés qui refusent de payer ou cherchent à vous entuber. Frank est lui-même un « Pusher », soit une petite frappe qui revend de la drogue de son grossiste Milo, un Baron d’origine serbe super sympa quand tout va bien, mais qui sait bien manier la serpe et n’hésitera pas à jeter vos restes aux chiens si jamais vous tentez de le doubler. C’est sur un ton paternel qu’il vous fracassera la tête avant de vous découper façon puzzle en vous disant « regarde ce que tu m’as obligés à faire ».


Forcément, quant on voit le parcours de vie de cette figure tragique campé par Kim Bodnia, on se dit qu’il vaut peut-être parfois mieux rester smicard et continuer à trimer au turbin car la vision déprimante du milieu imposé par Nicolas Winding Refn filmé caméra à l’épaule dans des HLM de banlieues n’a rien de la représentation enchanteresse que l’on se fait d’un caïd de la pègre comme celle offerte par Brian de Palma et du train de vie d’un certain Tony Montana qui va bâtir son empire ainsi que sa luxueuse villa sur son commerce du Yeyo. Il n’est donc pas question ici d’un rise and fall ni d’une quelconque folie des grandeurs puisque Frank serai plutôt tenté de suivre la règle d’or d’un autre Frank (celui de Scarface justement) du genre que ceux qui dure dans ce métier sont ceux qui ne se font pas remarquer.


Ne pas faire de vague c’est un peu l’idée, même s’il se laissera finalement convaincre par le deal alléchant d’un ancien copain de cellule lui permettant de rembourser une vieille dette contracté auprès de Milo, histoire de repartir sur de bonnes bases avec ce dernier. Mais les flics débarquent durant la transaction contraignant Frank à balancer la came dans un lac pour éviter de finir en prison. Sans preuve contre lui, la police finira par le relâcher en lui disant que son meilleur ami et associé Tonny l’a balancé. Si la tête de ce dernier va venir embrasser la batte de baseball de Frank, son sort restera bien plus enviable à celui que lui réservera Milo s’il ne rembourse pas les 230 000 couronnes qu’il lui doit. Ce n’est que le début d’une série de trahisons, d’humiliations et d’emmerdes que Frank va devoir supporter durant une semaine où tout va à vau-l'eau.


Comme il est de coutume, une dette d’argent peut aussi se rembourser par des services comptants. Alors pas le choix, il faut se salir les mains pour exécuter la sale besogne, comme rudoyer un client qui vous doit de l’argent pour l’obliger à braquer une banque. Le problème c’est que chaque décision que va prendre Frank ne va faire que l’enterrer précipitamment. Lorsqu’il sort la tête du caniveau, le destin lui chie un autre parpaing sur le coin de la gueule, et on se sent franchement désolé au vu du déroulement des évènements surtout lorsque ce dernier qui n’a surement plus rendu visite à sa mère depuis bien longtemps vient lui quémander de l’argent pour tenter de s’en sortir. Au bord du précipice, seul contre tous, on pourra enfin lire le profond désespoir esquissé dans son regard quand son destin lui échappera enfin des mains.


Le Karma c’est vraiment de la merde.

Le-Roy-du-Bis
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le 3 avr. 2023

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