le 15 mai 2025
Appels d’outre-tombe
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SensCritique a changé. On vous dit tout ici.
Première critique, et j’espère la dernière, tant l’exercice ici tient davantage de la nécessité cathartique que du commentaire cinéphile.
Il fallait bien trouver quelque part les mots pour exprimer ce malaise, d’abord indicible, puis rapidement indécent, une sensation rare, et dont j’aurais bien volontiers fait l’économie.
Le besoin également d'expliquer cette note à qui le voudra, car elle n'a aucun lien avec Fatem.
Son sourire, imperturbable éclat au milieu d’un dispositif filmique qui ne sait jamais l’accueillir, demeure la seule lumière authentique du film.
Elle porte toute seule l’espoir, la joie et la résistance d’un peuple face à un génocide organisé par les uns, et permis par les autres.
Sa seule présence aurait mérité un regard à sa hauteur, et pas ce traitement hésitant, maladroit, irrespectueux malgré lui.
Car ici, tout au long du film, Fatem doit faire face à une série de conversations en visio d’un amateurisme confondant, dont la vacuité des questions n’a d’égale que la distraction visible de sa réalisatrice.
Parce que, tandis que Fatem offre son temps, son énergie, ce qu’il lui reste de batterie, de connexion, de souffle. On lui répond en partant ouvrir la porte à son chat (aussi égoïste qu'elle), en se laissant absorber par le moindre bruit de fond, comme si écouter une femme en zone d’extermination lente relèverait de la politesse facultative.
À cela s’ajoute l’étrange légèreté avec laquelle une tournée internationale de festivals est évoquée, face à quelqu’un pour qui le simple fait de quitter Gaza relève du fantasme interdit.
Cette légèreté bourgeoise, assumée sans le moindre recul, relève d’un aveuglement voulu.
L'apogée ? sans doute involontaire ? l’offre toute candide de lire Virginia Woolf, Une chambre à soi, adressée à celle qui ne sait pas si elle aura une chambre à elle, ni même si elle pourra se nourrir le lendemain.
Le décalage, ici, devient presque une esthétique.
On continue, toujours plus troublant, ce moment où Sepideh Farsi, iranienne partie exilée, donc héritière d’une lutte violente contre l’imposition du voile, croit opportun d’interroger celui que porte Fatem.
Était ce réellement le moment pour soulever une telle question ?
Fatem y répond, bien sûr, avec cette justesse tranquille, cette dignité sûre qui l’accompagne depuis le début du film.
Fatem apprendra que le film est sélectionné pour Cannes. Le lendemain, elle est tuée par une frappe.
On pourrait être tenté d’y chercher un lien, presque par réflexe, entre les services de renseignements... les mieux renseignés et ce meurtre. (Pardon pour ce glissement rhétorique complotiste mais l'évènement est bien trop gros pour ne pas être souligné)
Finalement, le film ne tient que par Fatem, malgré elle.
La seule scène véritablement habitée, la dernière, la seule où Gaza cesse d’être un décor lointain pour devenir un lieu vivant, vibrant, est filmée par Fatem elle-même, caméra embarquée dans une voiture, et elle dit en quelques secondes infiniment plus que les 90 minutes précédentes passées en compagnie de notre amie gênante.
Là où les visios s’égarent dans l'indécence, ce plan révèle une réalité vécue, sensible, qui restera toujours inaccessible au dispositif laborieux du film.
Ainsi se clôt un objet cinématographique qui, se voulu hommage, finit malgré lui par mettre en lumière un hiatus douloureux: celui entre la densité d’une vie sous siège, et la légèreté embarrassée de celle qui prétend la filmer...
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il y a 3 jours
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