Il n'est pas inutile de revenir parfois aux sources des plus grands cinéastes, à l'occasion d'un festival, et de découvrir une œuvre dont on n'est plus très sûr si on l'a vue ou non. Le quatrième long métrage de Pedro Almodóvar, par exemple, est un film très intéressant d'un réalisateur qui maîtrise déjà son art, à part peut-être dans la conduite de son récit, mais celui-ci, aussi foutraque soit-il, ne manque pas de charme. Hommage au néo-réalisme italien et aux travailleurs vivant dans les HLM de la banlieue madrilène, Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça dresse un portrait de groupe avec ses excentriques en tous genres, tout en cernant une femme de ménage au bord de la crise de nerfs, débordée et au désir d'émancipation. Almodóvar y parle bagatelle crûment, à l'occasion, mais c'est la dérision et l'humour qui l'emportent, même dans les scènes les plus scabreuses. Quant à Carmen Maura, elle est formidable.