Remarqué dans divers festivals à travers le monde, notamment Sundance où il reçut le Grand Prix du Jury, Qu’importe si les bêtes meurent est le dernier court-métrage en date de Sofia Alaoui.


L’autrice nous place aux côtés d’Abdellah. Ce jeune éleveur en chemin pour soigner une de ses bêtes malades va être confronté à une situation inattendue. Cet événement va pousser le jeune homme à éprouver ses croyances. L’ensemble du périple adopte son point de vue. Les diverses rencontres qu’il fait sur son chemin permettent d’opposer ses convictions à celles des autres. On peut ainsi se retrouver à travers les paroles de certains individus dans leur analyse de la situation et leur façon de l’appréhender. La paradoxale quiétude de l’environnement permet de nous concentrer sur ces interactions et leur portée.
Afin que la forme ne parasite pas le propos développé, la réalisatrice opte pour une retranscription anti-spectaculaire de son récit. L’incursion de l’élément science-fictionnel n'est qu’un outil pour mieux développer son sujet. Cette approche s’accorde autant au format court qu’à un budget qu’on imagine peu propice pour un déferlement d’effets spéciaux.


Pour autant, l’œuvre n’est pas dénuée de qualité formelle. Tout au long de ce voyage, la réalisatrice nous offre de magnifiques plans mettant en valeur son environnement désertique. On découvre ainsi un paysage nord-africain méconnu dans nos contrées. Ces instants s’accordent parfaitement avec le sujet tant la Terre et le Ciel semblent avoir fait scission. Il se dégage une sensation d’irréelle lors de ces moments.
Ces scènes permettent aussi de mesurer l’avancée de la menace. Dans cette expédition dépourvue de repère temporel, ces traînées dans le ciel officient comme un compte à rebours inquiétant. Une tension constante est ainsi instillée permettant de retranscrire l’urgence des enjeux.


En moins de trente minutes, Sofia Alaoui nous livre une œuvre captivante. Le recours au surnaturel pour questionner nos croyances sonne juste. Bien que réduit en une menace latente et lointaine, cette présence indicible se ressent dans chaque plan autant dans ces rues désertiques que dans ces étendues sauvages étrangement illuminées. À cela s’ajoute un souci du détail dans l’écriture et une conclusion autant surprenante que pertinente.
Il n’est donc guère étonnant que l’œuvre rencontre un tel succès à travers sa tournée des festivals et qu’elle soit nominée pour les César 2021 dans la catégorie Meilleur Film de Court Métrage.


Jusqu’au 17 mars, il est possible de visionner gratuitement le court-métrage sur la plateforme France TV : https://www.france.tv/france-2/histoires-courtes/2292285-qu-importe-si-les-betes-se-meurent.html

tzamety
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le 3 mars 2021

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