Portrait de troll SC? Film visionnaire et pas caricatural, révélant la haine ambiante potentielle?

"J'avais potassé le Directoire et c'est l'Empire qu'on a eu" (le fils avant qu'il se fasse cogner; joué par un "Marc Di Napoli" (devenu peintre? 73 ans en 2025)

J'ai encore revu ce film et j'ose écrire dessus juste cinq remarques en vrac même si tout a déjà été dit (surtout dans un super texte de Piero de SC dont le travail et les coms ne sont hélas plus là...il rendait certains des désaccords avec lui passionnants):

  • pour moi, un des meilleurs 'revenge movie', de qualité: avec The Horseman de 2011 où je recroisais la froide détermination très organisée du papa. Pas de cabotinage, pas de grimaces, l'enquête et la (juste) destruction.
  • Michel Duchaussoy excelle en froid calculateur très concentré comme jamais...le deuil dément.
  • ma scène préférée est désormais quand le Rustre (à la Goldoni) se moque à table de la poésie de sa femme...il se moque de son jardin secret...les différentes expressions d'Anouk Ferjac sont inoubliables...la mère qui rigole comme une bossue aussi (on comprend de qui il tient)...la voix-off dit alors qu'il est "une caricature de méchant"...je ne suis pas d'accord...cette scène est en dessous de la réalité de la méchanceté ambiante et potentielle comme le futur allait le révéler...cette scène annonçait la plaie de trolls sur SC et sur les réseaux sociaux...avant le numérique, ces porcs inintéressants n'avaient que le public de leur repas du dimanche...le numérique leur a donné le monde.

  • pire que ce Rustre macho condescendant prétentieux, j'allais aussi croisé la haine faite homme chez Gaspard Noè 'Seul contre tous'
  • détail: pour la scène de sexe, Chabrol met un jeu d'échecs entre la belle Caroline Cellier et Duchaussoy (qui se prostitue pour son projet...la fin justifie les moyens?)...avant le sexe qui sera hors-champ, les pièces sont toutes droites et érigées ...puis on comprend que 'ça' a eu lieu car après les pièces sont couchées, au repos.

  • ...je ne savais pas ou j'avais oublié que c'est "adapté d'un livre du papa de Daniel Day Lewis"?? Info lue à l'occasion de la re-sortie d'une version d'un roman de Vinoly Barretto, "que Chabrol ne connaissait pas" selon Nathalie Dray (dans Libération 19/06/24) qui écrit:
_"Adapté d’un roman britannique de Cecil Day-Lewis (père de l’acteur Daniel Day-Lewis), Que la bête meure (La Bestia debe morir, 1952), que Chabrol portera aussi à l’écran en 1969 sans connaitre cette version, use du genre comme carburant particulièrement caustique d’une peinture de la bourgeoisie locale, pusillanime, veule et sous la coupe d’un tyran domestique, brutal et vulgaire (un portrait secret de Perón ?). Mais Román Viñoly Barreto – cinéaste uruguayen ayant fait carrière en Argentine – opte quant à lui pour une narration en flash-back : la mort de l’enfant de Felix Lane, renversé par la voiture du chauffard qui le laisse pour mort, n’intervient qu’au milieu du récit, scène magnifique scindant le film en deux et dont la tonalité fantastique rappelle les brumes inquiétantes d’un Jacques Tourneur. A partir de là, on bascule d’un whodunit somme toute banal à un récit mental, dans les affres du deuil, de la culpabilité et la soif de vengeance, Barreto jouant par sa mise en scène (fondu enchaîné du visage du meurtrier à celui du père de l’enfant) sur l’équivalence en miroir : lequel des deux hommes est le plus monstrueux in fine ? Le bestial Jorge qui a écrasé l’enfant ou le froid calculateur Felix qui a pénétré son cercle pour se venger ?" (Nathalie Dray)

Créée

le 2 nov. 2025

Modifiée

le 2 nov. 2025

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