(...) Bon sang ce que c’est bon de retrouver John Boorman ! Réalisateur et scénariste de ce QUEEN AND COUNTRY, l’Anglais de 81 ans nous revient donc ici plus en forme que jamais. Et pour son grand retour, il n’a pas fait les choses à moitié. Entre blagues et gags qui viennent jalonner ce parcours initiatique et des acteurs incroyablement bons, on en prend plein la vue et plein les oreilles pendant 115 minutes. Un régal !

L’histoire de Bill (le personnage principal) est a bien des égards celle de John (le réalisateur). Tous deux sont réquisitionnés par l’armée au début des années 50, au moment où la Reine Elizabeth se voit couronnée. Tous deux veulent faire du cinéma et sont jeunes, frais et très réceptifs au charme des filles, mais pas n’importe lesquelles. Et l’histoire de Bill a ce petit quelque chose que l’on ne voit qu’au cinéma, que l’on envie qu’au cinéma, que l’on assimile aux merveilles du cinéma. Sa rencontre et son amitié avec Percy y sont pour beaucoup. Visiblement à l’opposé de ce qu’est Bill, Percy est un personnage haut en couleurs, à la répartie effarante et aux actions savoureuses. Un personnage de cinéma, de comédie, et peut-être même de théâtre. A l’instar du soldat Redmond (alias Pat Shortt, L’Irlandais) dont chaque intervention est à mourir de rire, à se repasser en boucle.
Car là où certains ne voient qu’un drame, j’y vois une comédie dramatique. Une excellente comédie dramatique. Les personnages sont forts, drôles, impertinents et loin des clichés. Les intrigues poussées, abouties, conclues. Même lorsqu’il dresse un portrait cynique ou juste satirique de l’armée et de l’allégeance à la couronne, John Boorman a la bonne idée de caser quelques vannes, deux ou trois éléments comiques qui permettent de relativiser son propos. Le proverbe d’Ernest Renan prend sens ici : « Les vrais vaincus de la guerre, ce sont les morts. » Et nos protagonistes n’ont rien de perdants. Ce sont des vainqueurs, des héros atypiques qui veulent mordre la vie, qui veulent en découdre.

Ironie du film, le front n’est jamais montré, seulement déploré et redouté. Et c’est tant mieux. QUEEN AND COUNTRY est à peu de choses près une emphase de la peur du front. Film de guerre, oui. Comédie romantique, aussi. Film burlesque, c’est certain. La 17e réalisation de John Boorman est innovante, mélange les genres, joue avec les codes et se dresse là, en morceau unique, polyvalent, à la fois parodique et profond. Preuve qu’avec l’âge, on y voit souvent plus clair. Que ce soit sur son temps, mais aussi sur les évènements du passé, ceux auxquels on a assistés sans y comprendre quoi que ce soit (...)

L'intégralité de notre critique de QUEEN AND COUNTRY, sur Le Blog du Cinéma
LeBlogDuCinéma
8
Écrit par

Créée

le 21 déc. 2014

Critique lue 614 fois

7 j'aime

Critique lue 614 fois

7

D'autres avis sur Queen and Country

Queen and Country
mikeopuvty
8

La Chic Corée

John Boorman explique son éclectisme par le fait qu'au moment de boucler un film, il en a tellement marre que son prochain projet sera nécessairement aux antipodes. Sa carrière saute donc telle une...

le 5 déc. 2014

10 j'aime

1

Queen and Country
LeBlogDuCinéma
8

Le Retour du Roi John

(...) Bon sang ce que c’est bon de retrouver John Boorman ! Réalisateur et scénariste de ce QUEEN AND COUNTRY, l’Anglais de 81 ans nous revient donc ici plus en forme que jamais. Et pour son grand...

le 21 déc. 2014

7 j'aime

Queen and Country
cinematraque
3

Vulgaire téléfilm d'M6

Parfois, à Cannes – et c’est souvent le matin de bonne heure pour tout arranger – on tombe sur un bijou de nullité, une petite perle qui fera tristement parler d’elle comme de LA purge du festival...

le 21 mai 2014

6 j'aime

2

Du même critique

Buried
LeBlogDuCinéma
10

Critique de Buried par Le Blog Du Cinéma

Question : quels sont les points communs entre Cube, Saw, Devil, Frozen et Exam ? Ce sont tous des films à petit budget, dont le titre tient en un seul mot, et qui tournent autour du même concept :...

le 21 oct. 2010

43 j'aime

4

The Big Short - Le Casse du siècle
LeBlogDuCinéma
7

Critique de The Big Short - Le Casse du siècle par Le Blog Du Cinéma

En voyant arriver THE BIG SHORT, bien décidé à raconter les origines de la crise financière de la fin des années 2000, en mettant en avant les magouilles des banques et des traders, on repense...

le 16 déc. 2015

41 j'aime

Un tramway nommé désir
LeBlogDuCinéma
10

Critique de Un tramway nommé désir par Le Blog Du Cinéma

Réalisé en 1951 d’après une pièce de Tennessee Williams qu’Elia Kazan a lui-même monté à Broadway en 1947, Un Tramway Nommé Désir s’est rapidement élevé au rang de mythe cinématographique. Du texte...

le 22 nov. 2012

36 j'aime

4