Un Lawrence d'Arabie au féminin ?

Échec cuisant au box-office, à la production houleuse et toujours inédit en France, Queen of the Desert narre les exploits de l'archéologue britannique Gertrude Bell qui, au début du siècle, s'opposera à l’impérialisme anglais au Moyen-Orient et définira notamment les frontières de l'actuel Irak. Réalisé par un Werner Herzog de plus en plus actif dans les œuvres de fiction, le long-métrage propose un casting quatre étoiles et de splendides images comme seul le documentaliste sait en capturer ajoutées à une photographie toujours aussi soignée mais c'est à peu près tout.

Annoncé par Nicole Kidman (qui remplace au dernier moment une Naomi Watts indisponible) comme "un Lawrence d'Arabie au féminin", Queen of the Desert ne raconte au final pas grand chose et ressemble hélas plus à une mini-série façon Danielle Steel charcutée au montage qu'à un biopic complet sur l'une des femmes fortes qu'a connu notre siècle ou même tout simplement un enivrant voyage au Moyen-Orient, la faute principalement à un scénario préférant s'intéresser aux (nombreuses) amourettes de Gertrude qu'à ses faits politiques controversés ou ses explorations périlleuses.

Se penchant sur les jeunes années de Gertrude Bell (interprétée par une Nicole Kidman de 47 ans, notez bien) et son mariage impossible avec un jeune homme fauché (James Franco, remplaçant lui aussi in extremis Jude Law) jusqu'à sa rencontre en fin de bobine avec le futur premier roi d'Irak en passant par ses brèves rencontres avec Lawrence d'Arabie (Robert Pattinson, faisant ici office de gros caméo), Werner Herzog en oublie d'ajouter une once de personnalité à son personnage principal : trop lisse, on ne ressent jamais en elle l’aventurière téméraire, la poète touchante, l'analyste cultivée, Kidman se contentant de sourire et de briser le cœur de tous les hommes qu'elle rencontre sans insuffler la moindre crédibilité. Rôle trop complexe pour ses épaules, manque de préparation, écriture hasardeuse du personnage ? On ne saurait dire...

Ainsi, on ne retiendra du film qu'un interminable début cucul la praline, une interprétation académique, un rythme foncièrement apathique, des transitions temporelles ratées et un scénario peu intéressant au contexte politique pas vraiment clair, Queen of the Desert loupant clairement le sujet abordé malgré l’œil affuté de son réalisateur, toujours autant capable de saisir à la caméra des paysages impensablement magnifiques.