L’honneur sarde n’est pas aussi célèbre que son voisin sicilien, auquel il est lié par l’insularité. Dans une Italie toujours fragmentée de partout, les deux îles sont semblables en ce que le crime y est familial, mieux transmis à travers le générations que par les gènes qui font de ces italophones vengeurs les cousins des Corses à d’autres égards que leur allergie stéréotypique au travail.
Le stéréotype, on va en manger, & pas de la manière dont on l’attend : il est bien confirmé par Zampa qui le recycle en parodie sérieuse, où il n’y a pas de mal à plonger Tognazzi dans les us sardes (de toute façon, il sait tout faire & sera particulièrement impressionnant, voire plus impliqué que d’ordinaire dans ses emportements) puisqu’on se moque d’eux tout en les représentant strictement pour ce qu’ils sont.
Parce que la vengeance crue, & bien c’est drôle. En effet, elle n’implique de mort que le résultat : avant ça, c’est beaucoup d’hypocrisie & de franchise outrageuse, des frères bornés, des coutumes cheloues & ce cher patriarcat que Blier vient camper – on double sa voix mais bien malin qui doublera son talent.
Bref, c’est un concentré de Sardaigne aussi ensoleillé que riche en franchise lui-même : on rit devant les morts, on rit de l’adultère & du crime, on ne cache plus rien & sans prendre l’air de dénoncer des bizarreries. Les rebondissements sont inclus dans le forfait & il aurait été normal que leurs effets soient plus ou moins incontrôlés ; pourtant non, le film n’est pas hilarant mais ni frustrant ni décevant, le genre d’œuvres autoassumantes qui fait toujours plaisir.
→ Quantième Art