On connait les charges habituelles de la comédie italienne sur les mœurs "rugueuses" des siciliens. Là les curseurs sont poussés au max pour se foutre du folklore sarde.


Le Q.I Sarde en question.


Je n'avais jamais vu une culture régionale autant tournée en ridicule. Le message du début annonce la couleur : "Le Far West d'il y a 100 ans, tellement évoqué, apparaît auprès de la Sardaigne d'hier et d'aujourd'hui tout juste comme un pays modérément agité". Et ce côté far west pour débiles légers est accentué par le fait que les hommes se déplacent en mulets (essayez de rester digne là dessus), et qu'ils ont la gâchette facile quand il est question de régler des comptes immémoriaux, pour l'honneur. Un regard, une parole, une suspicion d'adultère et c'est parti, tout le monde à rendez-vous un jour avec la prison, et après X années de purge, on expédie le Porcu ou le Sanna au cimetière, ces deux familles se rendant chrysanthème ou chrysanthème.


L'intrigue est bien trop complexe pour qu'on puisse la résumer en 4 lignes. Tout ce qu'il faut savoir c'est que la femme d'Efisio (Ugo Tognazzi) purge une peine de prison pour lui avoir asséné un coup de machette (?!) ) à la nuque en raison d'une broutille. Dotée d'un physique ingrat et de 4 robustes frères, elle maintient sous sa coupe le pauvre Efisio qui n'a pas le droit d'aller voir ailleurs en attendant (même pas au près de la grosse pute qui officie à l'entrée de la ville). Les choses s'arrangent quand son épouse (Nicoletta Machiavelli) est amnistiée et rentre à la maison. La prison l'a changée pour le mieux, elle est resplendissante pour le plus grand plaisir d'Efisio. Malheureusement, l'ambiance de justice générale et les manigances de Don Leandro Sanna (Bertrand Blier) vont séparer le couple et faire jaser la ville au moment d'une grossesse. Efisio se retrouve accusé d'un crime qu'il n'a pas commis et n'a d'autre choix que de fuir le village...


Justice pour Ugo


Souvent vu comme un acteur moins impressionnant que les Gassman ou Manfredi (la faute à une palette plus étroite, avec moins de rôles dramatiques ?) Tognazzi est extraordinaire en paysan bourru. Quand il assaisonne de pellicules sa soupe pas assez salée (gag très Monstresque), quand il chante la sérénade avec un air impassible, sous les fenêtres de sa femme en compagnie des I muvrini locaux (la musique ressemble à un bourdonnement improbable). Zampa lui offre un de ses meilleurs rôles.


Ce qui choque le plus dans le film, est cette charge de chaque instant contre la culture Sarde. Tous les costumes, toutes les fêtes, tous les dialectes, toutes les particularités sont moquées sans la moindre once de pitié. J'imagine l'accueil du film sur place à l'époque, y en a deux trois qui devaient être hystériques en voyant le résultat. J'ignore si Zampa a remis les pieds sur l'île par la suite, mais à sa place je ne m'y serais pas risqué après une vacherie pareille. Si un réalisateur français s'était amusé à faire le même truc avec les corses y aurait eu cadavres de continentaux un peu partout sur les plages à mon avis.


Autre constat qui s'impose, Bernard Blier apparaît dans une quantité invraisemblable de films italiens.


La fin est certes un peu exagérée mais sert à démontrer l'absurde logique locale, qui place l'honneur au dessus de la vérité.

Negreanu
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le 20 févr. 2021

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