Dans Quitter la nuit, il existe un écart important entre un premier quart d'heure haletant, dans lequel l'on ignore encore si un drame a eu lieu ou va arriver, et le restant du film, au rythme lancinant. Comme Rodrigo Sorogoyen avec Madre, Delphine Girard a transformé son court en long, exercice excitant par essence mais truffé de pièges. On ne peut dénier en tous cas à la réalisatrice la précision de son écriture même si le récit se complaît parfois trop dans ses portraits psychologiques, avec la frustration de ne pas avoir davantage d'interactions entre ses trois personnages principaux. Reste que sur le sujet qui est le sien, le film définit assez bien le contexte sociétal et judiciaire d'une telle affaire où la recherche de vérité passe par la confrontation de témoignages opposés. Par rapport à Les choses humaines, qui explorait les zones grises d'une agression, Quitter la nuit laisse également planer le doute, mais pas jusqu'au bout, préférant in fine la lumière à l'incertitude. Des personnages de cette affaire, le plus en retrait et peut-être le plus intéressant est celui de la femme à l'écoute (formidable Veerle Baetens), qui aurait gagné à être développé mais qui vient cependant donner une chaleur et une bienveillance qui contraste avec le caractère assez uniformément sombre d'un film auquel il ne manque qu'un peu plus de moelle pour convaincre encore davantage.

Cinephile-doux
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Au fil(m) de 2024

Créée

le 14 avr. 2024

Critique lue 19 fois

1 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 19 fois

1

D'autres avis sur Quitter la nuit

Quitter la nuit
Laird
8

Dégats collatéraux

Film vu en avant première à l'excellent festival Chefs Op' en Lumières 2024 de Chalon sur Saône.Le film commence type thriller et se poursuit plus calmement en exposant les questions que soulève...

le 7 mars 2024

5 j'aime

Quitter la nuit
Niggers
9

Petite merveille, d’une grande importance.

Un début extraordinaire, tendu, complexe, nuancé, et d’une merveilleuse radicalité cinématographique. La suite est un peu plus attendue, mais c’est un premier film très réussi, important et brillant...

le 7 mars 2024

3 j'aime

1

Quitter la nuit
Loeil-de-Lynx
6

Un drame belge inégal

Quitter la nuit est un film belge réalisé par Delphine Girard. Etant moi-même un habitant du plat pays, voici 2 éléments qui m'intéressent d'amblée. Le film est réalisé par une femme, c'est encore...

le 23 févr. 2024

2 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

76 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

76 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13