Raiponce a toujours vécu dans la tour de la Mère Gothel qui lui interdit de sortir, car le monde est peuplé de monstres. L’enfant est devenu une jeune fille qui peint ses rêves sur les murs. Elle possède également une magnifique chevelure qui brille lorsque qu’elle chante une chanson, et Mère Gothel semble particulièrement l'apprécier. Elle est étrange, Mère Gothel, avec ses accès soudains de colère et ses discours manipulateurs indignes d’une mère… Lorsqu’un voleur se réfugie dans la tour, Raiponce voit une opportunité inespérée se présenter.
Raiponce, tiré du conte des frères Grimm, est le premier film de l’animateur Nathan Greno, habituellement storyboarder, et le deuxième de Byron Howard, animateur qui a déjà réalisé Volt. Quant au scénariste, il s’agit de Dan Fogelman qui avait écrit Car et Volt. Une équipe de simples employés qui semblent produire une œuvre sur commande dans un but commercial, donc…
Oui, mais parfois, l’inspiration saisit les simples employés pour en faire de véritables artistes (Byron Howard réalisera d’ailleurs par la suite le magique Encanto). L’histoire est jalonnée de gags burlesques magnifiés par les immenses yeux perpétuellement écarquillés de Raiponce ainsi que les clowneries (souvent involontaires) de Flynn Rider. Le scénario est attendu, tout comme le happy end vraiment très tiré par les cheveux (ah ! ah !), mais on est là pour une histoire sucrée alors on ne se plaindra pas.
En revanche, ce qui peut surprendre, c’est le réalisme parfois trop précis des détails psychologiques. Raiponce souffre du syndrome de Stockholm et a développé une grande nervosité ainsi qu’une hyper émotivité qui la rendent instable. Flynn Rider est un manipulateur avec un complexe d’infériorité, mais il n’a pas pu basculer dans la psychose, ce qui accroît sa faible estime de lui-même. Enfin, la perle est réellement Mère Gothel. Ce personnage décrit avec précision une véritable mère perverse jalouse de sa fille qui la parasite pour calmer sa propre carence affective. Les discours, les comportements ainsi que la psychose de cette femme sont finement reproduits et peuvent même inquiéter les spectateurs les plus jeunes. En revanche, ils donnent à l’histoire une profondeur intéressante et très émouvante. Dès lors, la fuite de Raiponce prend une dimension thérapeutique. Si les scénaristes n’ont pas couché sur le papier leur propre vécu, leur observation de notre monde est excellente.
Raiponce est un dessin animé standard de Walt Disney avec une grosse dose de magie, d’humour et de romance, mais qui narre également la souffrance psychologique et la lutte d’une enfant cherchant à sortir d’une emprise perverse. C’est rude, mais très bien fait. Comme souvent, le film ne conviendra pas aux tout petits, mais à tous les autres spectateurs.