Rampage est une adaptation d’un jeu vidéo sorti dans les années 80’s. On ne peut pas vraiment dire qu’il y avait un scénario à ce dernier (d’où l’on peut se demander la nécessité d’adapter la licence en film). Le principe était simple donner du fun par un plaisir purement bourrin : incarner un monstre (sosie de King Kong, de Godzilla ou d’un loup-garou élevé aux hormones de croissance) et exploser absolument tout ce qui se dresse sur son passage… Un niveau était terminé quand la ville était en cendres.
On l’aura compris, on ne s’attendait pas à un chef d’œuvre cinématographique. Mais un film bête n’est pas forcément mauvais. D’ailleurs des tonnes d’exemples de films stupides sont maintenant devenus des classiques du cinéma.
Le synopsis a été légèrement développé ici. Suite à des expériences secrètes visant à faire le mal (mais pourquoi est-il si méchant ???) et développées dans l’espace (parce que je veux dire… pourquoi économiser quelques milliards quand on peut se le permettre ?), celles-ci s’écrasent sur terre entrainant la mutation de trois créatures. Et comme les méchants avaient prévus leur propre échec pour rapatrier leurs expériences convenablement sur terre (ils sont fort tout de même), ils ont développé la faculté de pouvoir appeler leurs mutations à eux (ce n’est pas très clair sur la manière, mais tel un labrador bien éduqué, si tu les siffles, ils rappliquent) entrainant ainsi un sillage de destruction sur leur passage… Ok, hum hum.
It’s weird that you like animals more than people.
Si le début du film fonctionne assez sympathiquement, il faut attendre le dernier quart d’heure pour s’enjailler à nouveau. Pourquoi ? Parce que ça manque cruellement de fun ! Alors oui, il se passe des choses à l’écran, et il y a de l’action à foison. Mais on s’emmerde quand même un peu… Et il n’y a rien de pire qu’un film con qui est emmerdant (peut-être une prosti avec des morpions ou partir au bureau en oubliant son chargeur de phone) ! Le film instaure un duo qui fonctionne bien avec Dwayne Johnson et son gorille albinos au sein d’une réserve.
Dwayne est présenté avec un ami scientifique à lui et une équipe de jeunes recrues qu’il forme. On s’attend donc à ce qu’il fasse route avec ces personnages. Mais non ! Il fait route avec Negan (cabotinant toujours autant) et une scientifique responsable des expériences (mais elle a une bonne raison et elle a fait front contre les méchants quand elle a compris le but de tout cela, quelle gentille femme tout de même)… Ces personnages sont tout aussi clichés que les autres introduits précédemment mais l’alchimie est moins forte, voir totalement absente. Et ne servant tout aussi à rien, pourquoi nous avoir présenté les autres si ce n’est pour ne pas les utiliser ? Arghhh !
Pour le reste, les effets spéciaux de toutes les explosions sont souvent dégueulasses mais la motion capture du singe est vachement bonne et les créatures sont assez bluffantes aussi ! Les scènes de combats sont mitigées.
Les scènes d’affrontement avec l’armée n’offrent rien de bien transcendant durant le film mais la dernière scène où King Kong affronte Godzilla (c’est à peu de chose près cela, comme si quelqu’un avait été frustré que cette fameuse confrontation prévue dans un multiverse abandonné n’ait finalement pas lieu) est plutôt sympathique. Elle n’offre pas vraiment de nouveauté mais elle fonctionne bien et offre de la destruction jouissive. Mais si elle fonctionne si bien, c’est parce que c’est uniquement dans cette baston finale que Georges (le nom du gorille) retrouve ses esprits et n’est plus contaminé par la folie incubée par cette expérience et qu’on a donc ; d’une part des monstres contre des monstres, et d’autre part une association à nouveau de la créature primate et de the Rock (monstre parmi les hommes)….
I was just thinking that the only thing missing right now was a giant crocodile.
Mais le gros hic de ce film concerne les méchants. Ceux-ci sont cons comme des manches à balais (ce qui est extrêmement pénibles) et en plus jouent terriblement mal. Ils sont censés représenter une multinationale riche à millions dans un domaine de haute expertise scientifique. Bon je sais que quand on voit Trump, ce n’est pas apparent, mais c’est censé nécessiter un minimum d’intelligence et de capacité de gestion. Or leurs plans sont pourris et ne servent qu’à dépenser des sommes de frics incroyables… dans le seul but d’en gagner en revendant le fruit des expériences ? WTF is wrong with ya, boys ??!
Comme le principe de ‘siffler’ les monstres vers la maison ? Quel est l’intérêt ? Démolir ton gratte-ciel qui coûte des centaines de millions ? Être certain que tout le monde sache que vous soyez responsable d’une expérience menée illégalement et ayant fait des milliards de coûts et tués des tonnes de civils américains ? Être certain de se prendre une bombe H sur la tronche ? Cela n’a aucun sens…
En termes d’adaptation, c’est plutôt réussi. Le film délivre ce que le jeu donnait. Des monstres qui explosent tout autour d’eux, qui combattent l’armée et qui font des victimes pris en tenaille dans le conflit. Voilà. Mission réussie de ce côté-là. Manque un peu de jouissance et de transmission de sentiment de puissance mais hey, on a gagné en scénario en contrepartie donc… (Oui, je sais que c’est dur à imaginer, mais effectivement le scénario a été développé.) Ma note est sans doute trop haute. Un 5 aurait été plus approprié. Mais tenant compte de ma ferveur existentielle pour King Kong (le premier film que j’ai vu à l’époque et que ma madre m’a mis quasi tous les jours pendant les premières années de ma vie parce que je braillais en réclamant le ‘grand singe qui casse tout’ et que la fin me mettait KO pour faire mes nuits) et tenant compte du matériel de base, j’ai néanmoins une petite affection pour ce projet.
Bref, un début de film sympathique, un dernier quart d’heure qui délivre ce qu’il nous promettait et une heure de flottement dans l’entre deux… C’est un peu minimal. Mais en partant du matériel de base, on ne peut pas vraiment dire que ce soit une adaptation ratée… À réserver uniquement aux amateurs de King Kong (la créature, pas la qualité scénaristique, ni la critique sociétale) qui en voudraient une version un peu plus Rock (vous voyez ce que j’ai fait là ?)...