Rampart
5.7
Rampart

Film de Oren Moverman (2011)

Comme son titre ne l'indique pas, "Rampart" n'est pas un film sur le scandale du même nom, qui aura secoué le LAPD à la fin des années 90, et inspiré un certain nombre d'œuvres de fiction ("The shield", "Dirty", "Street kings"...).
Le film de l'israélien Oren Moverman est simplement le portrait à la même époque d'un flic angelino, de toute évidence mouillé dans cette affaire de corruption, mais sans être inquiété sur le plan judiciaire.


Ce qui va provoquer la chute de cet homme était déjà en germe depuis longtemps, mais va survenir après le scandale Rampart, juste dans la foulée. En effet, ce policier visiblement raciste, aux méthodes musclées, va déraper à la suite d'un banal accident, poursuivant le chauffard pour le tabasser, scène filmée puis retransmise sur toutes les télés.


Petit à petit, le personnage incarné par Woody Harrelson (amaigri, le comédien excelle une nouvelle fois) va connaître une véritable descente aux enfers, tant professionnelle que personnelle, s'éloignant irrémédiablement de ses ex-épouses et de ses deux filles, par la faute de son arrogance, ses addictions croissantes, et surtout son incapacité à se remettre en question et changer.


Dans la noirceur de cette trajectoire et dans la dureté du propos, on reconnaît sans peine la patte de James Ellroy, qui a collaboré à l'écriture du scénario.
On regrettera en revanche le choix d'une narration assez erratique : "Rampart" s'achève sans véritable dénouement, certains arcs scénaristiques restant en suspens. Un parti-pris singulier et respectable, mais qui laisse le spectateur sur sa faim. Dépourvu de rythme et de véritables enjeux, le dernier tiers pourra ainsi sembler longuet - même si le film s'avère heureusement assez bref.


De même, Moverman tire finalement peu parti du casting impressionnant qu'il sera parvenu à rassembler (Robin Wright, Sigourney Weaver, Brie Larson, Ben Foster, Ned Beatty...), certains n'apparaissant que le temps de quelques instants (Steve Buscemi, Jon Bernthal).


"Rampart" laisse donc une impression mitigée, ne tenant pas véritablement ses promesses, en particulier sur le plan narratif.
A l'inverse, la forme apparaît soignée, grâce à un joli travail sur les éclairages (souvent naturels) et les cadrages : on constate ainsi que le héros, qui au début s'imposait massivement au sein du cadre, finit par en sortir peu à peu, "effacé" par des jeux de lumières et des éléments du décor.

Val_Cancun

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