Ratatouille
7.3
Ratatouille

Long-métrage d'animation de Brad Bird et Jan Pinkava (2007)

Tout abandonner, dire que les dessins animés c'est nul mais partir avec Rémi sur une île déserte

Ratatouille est un bijoux d'animé, et pourtant j'ai beaucoup de mal a priori avec ce type de film. Chez Pixar j'ai adoré les Indestructibles. Maintenant je redécouvre Ratatouille et déclasse le précédent. Et ce n'est pas un hasard si les deux films sont réalisés par la même personne. Entre points positifs et négatifs, voici ce que j'ai retenu de Ratatouille.


Un Paris plus parisien que Paris et les parisiens eux-mêmes


En tant que parisien, c'est ce qui m'a le plus marqué au premier visionnage: Paris est magnifique. J'ai eu envie de sortir de chez moi, prendre le métro, aller me balader sur les quais vides la nuit en vespa, boire un verre de vin dans un café de l'île de la cité avec un béret, m'égarer dans une impasse du quartier latin, revenir à l'Hôtel de ville, tomber sur une boîte de jazz, y entrer, commander un autre verre de vin, manger du fromage, aller voir la tour Eiffel et rentrer chez moi dans ma chambre de bonne à Saint Paul, avec son plafond en plomb trop étroit mais avec sa vue incroyable sur le Sacré Coeur. Ok, la ville de Ratatouille est un condensé de toute cette imagerie parisienne un peu clichée mais on notera quand même qu'elle est incroyablement réaliste bien que fantasmée. Je veux dire, on voit le nombre de recherches qu'a du faire l'équipe de production et je pense bien qu'ils doivent maintenant mieux connaître que moi la capitale, à l'image de cette boutique de dé-ratisation à Châtelet. En tout cas ils m'ont donné envie de sortir.


L'esthétique de l'animation


L'animation est magnifique. Fin. Jamais animation 3D n'a été aussi bien maîtrisée que chez Pixar, on le sait, mais le film est sorti en 2007!!! Il est bon de le répéter.


L'ode à la cuisine


Réussir à faire un tour d'horizon de la passion pour l'art de la table, qu'il soit un tour plus ou moins basique avec ses règles simples: "tenir ses bras dans le prolongement du corps pour ne pas se salir les manches, entretenir son plan de travail, etc.", c'est assez brut, mais ça suffit à communiquer la passion et à être curieux. Rémy est un vrai passionné. On le voit, on le sait, et honnêtement il est fort possible qu'il soit plus passionné que certains chefs de la vraie vie. Donner à voir une passion aussi réaliste que communicative, c'est quand même fort. On retiendra quand même qu'on ne s'attarde sur aucune recette en particulier, pas même la ratatouille. Mais bon, de toute façon Rémy a tout compris: quelques grains de raisins, du fromage et du vin et le tour est joué. Est-ce que ça ne se résumerait pas à ça finalement la gastronomie française ?


L'intérêt de l'animation


Il faut le dire, faire un film sur la cuisine est très compliqué. En tant que grand passionné de ce noble art, je me dis: "aucun moyen de réussir à faire un film en prise de vue réelle sur la gastronomie qui soit réellement passionnant". Et il faut reconnaître que c'est là tout l'intérêt de l'animation. Plus qu'un film pour enfant, Ratatouille est un vrai conte moderne sur la gastronomie parisienne (un milieu qui, ça plaise ou non, mérite un conte digne de ce nom.) De ce point de vue là, l'animation réussit à ajouter cette touche de fantastique, de sublimation et d'intérêt sur un milieu à part entière qui, reconnaissons-le, n'a jamais aussi bien été représenté dans le cinéma, pas même par De Funès, pas même par Noiret, Piccoli et Mastroianni dans la Grande Bouffe.


Mais...


Le grand problème des films Pixaro-Disney


Ce n'est pas nouveau, et ça a même été répété par notre grand maître à tous cf le boss André Bazin dès les années 40, humaniser des animaux au cinéma, c'est... comment dire. Amoral. Disney en est le plus grand représentant, mais il ne faut pas oublier que d'un point de vue philosophique, montrer des animaux qui ont le même langage, le même système de pensée que les humains... et bien c'est injuste. C'est projeter sur des animaux un fantasme qui n'est pas le leur. Ok, dans Ratatouille, le fait que Rémy soit un rat a son intérêt, jusque dans l'aspect "conte" du film, et oui les humains n'entendent que des couinements quand il parle, mais il n'empêche que Rémy comprend tout de la parole humaine. Mauvais point pour le film.


Les roues de scénario répétitives


Dernier mauvais point pour Ratatouille. Le scénario du film utilise une fois de plus le schéma de scénario in-décalquable que Nolan connaît très bien, avec des rouages très lisses et toujours les mêmes (the hero's journey que tu apprends à la fac de cinéma et que tu ne pourras jamais dépasser parce que c'est comme ça qu'on fait un film commercial vu 3400 fois); et c'est bien dommage. Parce que Ratatouille est un conte extraordinaire, si tu as suivi ce que je te disais jusqu'à là. Et faire un conte comme ça, et bien ça aurait été bien de le prendre scénaristiquement comme tel. Plus à la sauce Frères Grimm (le Roi et l'Oiseau l'a fait par exemple) qu'à la sauce Hollywood. On aurait été au top de tous les animés et on aurait rejoint le Panthéon des meilleurs films jamais créés. Et je sais que les studios de Pixar ne manquent pas de gens intelligents.


Alors, quand est-ce qu'on aura droit à un film d'animation moderne, avec toute la technologie qui va avec au service d'un conte pur et dur, du niveau de la grande littérature du XIXe? Je serais le premier à acheter mon ticket, et je pense que je retournerai au guichet plusieurs fois.


En tout cas, dommage que ce film n'ait pas été Ratatouille..

detracteur
8
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le 28 juil. 2020

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detracteur

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