Avec des chansons, ce film aurait été parfait. Bon, il serait resté les deux trois éléments un peu cartoonesques, comme le chara design des dragons, et le bébé badass façon Razmoket, qui détonnent un peu dans l’ambiance générale du film. Mais à part ça, il aurait été parfait.
Disney a cette tendance, ces dernier temps, à ne pas arriver à concilier les deux, soit il y a un tas de chansons magnifiques, soit il y a une bonne histoire, mais jamais les deux à la fois. Dans Raya, on était prévenus, il n’y avait pas de chanson, donc on pouvait espérer une bonne histoire. On en a une. Et pas que…
Parce qu’avant toute chose, ce qui est magnifique dans Raya, c’est son visuel. C’est du Final Fantasy. Les décors sont superbes, la texture de la peau des personnages est d’un réalisme frappant, et l’animation… Bon, mon avis sur l’animation ne compte peut-être pas, parce que je passe ma vie à lire des critiques acerbes sur des animations que j’avais trouvées tout à fait correctes. Mais personnellement, j’ai trouvé l’animation époustouflante. Le tout porté par une ambiance musicale tout à fait à la hauteur, en dépit de l’absence de chanson.
Mais vous me connaissez assez pour savoir que je ne me contente pas de beaux visuels. Cette performance technique n’est pas juste là pour faire jolie, elle sert à nous raconter l’histoire de Raya, héroïne entre les héroïnes, intelligente, agile, excellente combattante, déterminée, sage, bref, à l’image de son film, par-faite. A l’âge de 10 ans – je suppose, c’est pas vraiment précisé –, Raya, princesse de son état, doit participer à un événement diplomatique, organisé par son souverain de père, qui, inquiet des guerres incessantes qui secouent le monde – enfin, le monde connu par les personnages, un pays construit autour d’un fleuve en forme de dragon, mais j’arrête de digresser – , souhaite amorcer des négociations pour conduire à une paix mondiale définitive. Au cours de cet événement, Raya se rapproche de la princesse d’un autre pays, avec qui elle semble avoir beaucoup de choses en commun, et qui, en gage d’amitié, décide de lui faire don de son bijou préféré. N’ayant pas de cadeau à lui faire en retour, Raya décide, en remerciement, de permettre à sa nouvelle amie de contempler l’artefact gardé par le peuple de Raya depuis des générations : la perle du dernier dragon, dont la magie préserve le monde d’un mal impitoyable qui transforme en pierre tout ce qu’il touche et n’est arrêté que par l’eau. Elle est donc heureuse, Raya, de permettre à sa nouvelle amie de voir ce précieux trésor. Malheureusement, cette amie ne s’était rapprochée d’elle que dans ce but-là, et sitôt dans la chambre du précieux artefact, elle lance un signal à son armée pour qu’elle vienne s’emparer du trésor. Raya et son père résistent, les représentants des autres nations s’en mêlent, s’ensuit une bagarre, un faux mouvement, et la perle du dernier dragon tombe à terre et se brise en cinq morceaux. Le mal que le pouvoir de cette perle écartait jusqu’alors jaillit du sol, et commence à changer les gens en pierre. Découvrant que les fragments de la perle repoussent l’entité, les chefs des cinq nations s’emparent chacun d’un morceau et s’empressent de fuir. Blessé à la jambe, le père de Raya, pour ne pas ralentir sa fille, se laisse volontairement changer en pierre après l’avoir poussée dans le fleuve, les eaux de celui-ci pouvant la protéger.
Rongée de culpabilité, blessée par la trahison de celle avec qui elle s’était brièvement liée d’amitié, Raya passe les six années suivantes à parcourir le monde dévasté, désormais presque exclusivement peuplé de statues, pour chercher le dernier dragon, seule créature capable de réparer la perle, et qui, selon une vieille légende à laquelle plus personne ne croit, dort encore quelque part à la source d’un fleuve…
Ce qui est magnifique là-dedans, c’est que l’enjeu de l’histoire et la mission du dragon que – spoiler, s’il en est – Raya va bien réussir à trouver, va être de démontrer que, même si ça a mal tourné, Raya n’a pas eu tort de faire confiance, qu’à long terme, il est important de faire confiance, de faire le premier pas, même si le risque est grand d’être trahi. Parce que la méfiance et la vigilance permettent de survivre à court terme mais condamnent le monde à long terme.
Alors bon, un tas de détails de cet univers, et du fonctionnement de la magie dans celui-ci auraient gagnés à être plus explicites. Cette histoire aurait sans doute mérité d’être une série de 13 épisodes. Mais autant, dans le cas d’Atlantide l’Empire perdu, les détails manquants et les événements un peu trop rapides étaient un vrai manque, autant ici, c’est tout au plus une vague réflexion qu’on se fait en cours de visionnage. L’histoire est tellement captivante que même l’introduction du bébé badass de cartoon ne suffit pas à en faire décrocher, alors les détails manquants, vous pensez… Les éléments essentiels sont donnés et l’émotion est là. Je pense que si je n’avais pas regardé avec al., j’y serai allée de ma petite larme à la fin, tant elle est magnifique.
Je crois que ce film n’a rien à envier aux meilleurs Disney. A part leurs chansons.
Ah, si seulement il y avait eu des chansons…