Reach for the SKY
6.8
Reach for the SKY

Documentaire de Choi Woo-young et Steven Dhoedt (2015)

Être étudiant ou aspirant étudiant en Corée n'est vraiment pas chose aisée. Dès l'enfance on te barde des plus grandes exigences, on annihile totalement ton libre arbitre pour ne te laisser qu'un avenir incertain, froid de toute émotion. Tu dois être le meilleur, bosser encore et encore, friser l'excellence, le ciel, la divine perfection. Mais rare sont les élus qui, au profit d'une jeunesse sacrifiée, touche ce rêve tellement matérialiste et faux qu'il ne t'amènera qu'une satisfaction d'ego, rien de plus rien de moins. C'est effrayant.


Reach for the sky, comme l'incombe son format de documentaire apporte un regard tantôt glacé, tantôt ironique sur ces jeunes adultes, dont le seul et unique espoir est d'intégrer les plus prestigieuses universités de Corée. Certains tentent le concours pour la première fois, quand d'autres, plus rodés mais davantage désillusionnés, redoublent. Pendant un an nous verrons ces jeunes évoluer, travailler sans relâche pour peut être décrocher la lune, celle la même qui définira leurs vies futures.


Reach for the sky dérange du fait de l'éloignement qu'il peut nous inspirer. On aura beau se plaindre des difficultés nationales en matière de réussite scolaire, il n'en est rien face à cette instrumentalisation totale d'une Corée en plein essor. Et c'est bien là que le documentaire te blesse. Il te blesse d'un stress partagé d'entre ses protagonistes et toi. Le décompte des jours s'affole avant l'ultime examen de leur vie, tu souffres de les voir se détruire pour des parents qui fondent d'immenses espoirs, pour une société amère qui ne reconnaît aucun échec.


Il est difficile de vraiment aimer pareille histoire tant sa justification finale se borne à pousser les jeunes à réaliser leurs rêves. Or, il n'y a aucun véritable rêve là dedans, seulement l'illusion de faire des choix. Et quand bien même on ressent les difficultés qu'ils doivent surmonter, on n'évoque que peu cette souffrance physique et mentale existant fortement. Le suicide des jeunes par exemple s'avère anormalement haut, comme l'entrée dans la folie ou l'éternelle dépression. Bien évidemment tout n'est pas bon à montrer mais on ne peut nier la chose.


Pour autant le documentaire est suffisamment prenant pour te gagner, tant par son intérêt que son mortel exemple. Si l'approche se veut plus démonstrative que précise, incisive, on ne peut pour autant pas lui jeter la pierre. A voir assurément.

Créée

le 26 oct. 2016

Critique lue 437 fois

9 j'aime

6 commentaires

Fosca

Écrit par

Critique lue 437 fois

9
6

D'autres avis sur Reach for the SKY

Reach for the SKY
Marvellous
8

Reachers

SKY est l’acronyme utilisé pour désigner les trois plus prestigieuses universités coréennes. Pour les lycéens et leurs parents, c’est un Graal qui mérite tous les sacrifices. Ce documentaire observe...

le 26 oct. 2016

5 j'aime

4

Reach for the SKY
Raoh
7

Heaven or Hell!

[Festival du film coréen 2016 à Paris - Jury SensCritique] Un reportage typé « Arte » assez intéressant, sans voix off pénible, où l'on suit le quotidien de plusieurs étudiants cherchant à...

Par

le 27 oct. 2016

4 j'aime

Reach for the SKY
GwenaelGermain
5

Jacen - Trip in Asia.

Reach for the sky (2016) – 공부의 나라 / 90 min Réalisateurs : Steven Dhoedt et Choi Woo-Young – 최우영 Casting : Hwang Hyun-Ha – 황현하 ; Kim Min-jun – 김민준 ; Jung Hye-in – 정혜인 ; Kim Ki-Hoon – 김기훈. Mots-clefs:...

2 j'aime

4

Du même critique

Juste la fin du monde
Fosca
8

Natural Blues

Bien malin celui qui parvient à noter sereinement ce film. Personnellement il ne m'est guère aisé de le glisser au sein d'une échelle de valeur. Dans tous les cas, une note ne pourra s'avérer...

le 22 sept. 2016

190 j'aime

13

Grave
Fosca
8

Deux sœurs pour un doigt

Bien que préparé à recevoir ma dose de barbaque dans le gosier sans passer par la case déglutition, je ne peux qu'être dans un tel état de dégoût et d'excitation à la fin de ce film qu'il me sera...

le 21 févr. 2017

134 j'aime

23

Mother!
Fosca
8

L'Antre de la Folie

Au commencement... Comment commencer à parler de ce film sans en révéler toute l'essence ? C'est bel et bien impossible. Le nouveau venu de chez Aronofsky n'est pas une œuvre dont nous pouvons parler...

le 8 sept. 2017

84 j'aime

18