Thanks for playing my game...

Jeudi 28 Mars 2018, 9h10, UGC les Halles,

Je me suis levé tôt ce matin, si je veux voir Ready Player One, c'est aujourd'hui. Entre mon mémoire, mes cours, je n'ai pas le temps d'aller au ciné en ce moment. Mais bon Spielberg, je peux faire un effort ! Bon j'ai 20 min de pub avant le film, le temps de me demander ce que j'attends de ce film, parce qu'en fait qu'est ce que j'attends de ce film ? La bande annonce m'a fait très peur, ça bave de Pop Culture, et je ne suis pas convaincu par les FX, l'histoire me semble un peu simple. Mais en même temps les "influenceurs" (Dieu que je hais ce terme) ont l'air d'avoir adoré le film. Mais bon simplement n'en n'attendons rien à part voir le nouveau Spielberg.

Mardi 28 Mars 2018, 11h40, UGC Les Halles,

Comment vais-je pouvoir parler de ce chef-d'oeuvre, il y a trop de choses à dire. La réal ? Elle est dingue évidement, c'est Spielberg qui ça étonne encore que ce mec soit un génie de la mise en scène. Les FX ? Bien sûr qu'ils sont bons, la vallée dérangeante n'existe pas ici, et le design est énorme. Donc mes peurs ne sont absolument pas confirmées pour l'instant. Plus je marche en sortant du ciné, plus je cherche à formuler ce que je veux dire de ce film. Alors il me faut de la nuance... Des erreurs pour ce film, alors..... et bien..... l'histoire peut-être ? Le scénario est très classique, en effet, mais c'est totalement réfléchi pour être classique. Le mythe du héros, soit le modèle le plus classique de scénario, trouve ici sa plus pure expression. Le message du film, c'est à dire la chose la plus importante de ready player one, est basé sur le mythe du héros, alors il le fallait. Et en réfléchissant à cela, je me dis que la plupart des petits points qui m'ont fait tiquer pendant le film, s'effacent : le manichéisme (et encore la nuance est presque toujours là) ? Il faut cette opposition, le personnage principal trop fort ? Alors dans un premier temps non, dans un second, c'est expliqué, et dans un troisième, encore non, pour la scène de danse , il en prend plein la tête. Alors je cherche des défauts et je n'en trouve pas. Donc vous savez quoi je vais simplement arrêter d'en chercher et profiter de ce moment, ce moment où je me rends compte que je viens de voir un chef d'oeuvre qui m'a parlé.

Mais pourquoi ce film m'a parlé, et comment surtout ?
Ce film est l'aboutissement du travail de Spielberg, je ne sais pas si c'est le meilleur film de Steven Spielberg, personne ne sera d'accord sur ça de toute manière, et je vais attendre que ça retombe pour y réfléchir. Ce que je peux dire en tout cas c'est qu'il s'agit du film le plus abouti de Steven Spielberg. Simplement parce qu'au delà de raconter une histoire, Steven Spielberg nous parle de lui pendant ce film, il nous parle de ce qu'il est aujourd'hui et ce qu'il pense de notre monde actuel.
Mais attention il ne faut pas voir Ready player One comme un auto-célébration, pour un mec avec un ego surdimensionné, il faut plutôt voir ce film comme une catharsis de l'auteur Spielberg. Ce qu'il nous dit, entre autre, c'est comment il perçoit le monde du cinéma et de la culture grand public en général. Avec ce film, il nous livre sa vision de ce qu'est une oeuvre vidéo-ludique qui touche le plus grand nombre, un film, jeu, BD, livre, manga.... n'appartient plus à son auteur à partir du moment où l'oeuvre a rencontré son public. Le spectateur juge, critique, apprécie ou déprécie, en parle, théorise et invente, l'oeuvre devient alors une part du public. S'habiller comme un personnage pour aller à un rendez-vous, citer une réplique, se demander comment régirait tel ou tel personnage, ou simplement ressentir une émotion pour ou par une référence, cela fonctionne parce qu'on s'est approprié une oeuvre, parce qu'on a joué le jeu de son créateur. Spielberg parle de lui dans ce film, la meilleure scène du film, c'est à dire la scène de Shinning, vient ici montrer l'aboutissement du développement de Spielberg, lui a fait sien les oeuvres qui ont marqué sa vie, et c'est à nous de faire de même avec les notes. Le flux quasi ininterrompu de références, n'est pas là pour flatter le spectateur attentif, il est là pour unir le public autour de sujets communs, mais ces références ne servent aux personnages que pour leur construction morale et non pas pour leur propre histoire. Ainsi il nous dit de ne prendre que ce que l'on veut de son film, et de la culture en générale. Le plus étonnant c'est qu'il nous dit de nous construire notre identité, en ne prenant que ce qui nous aime mais sans oublier que la réalité reste quand même le plus important parce qu'elle est réelle. La culture joue un rôle dans ce que l'on est, mais c'est à nous de décider ce qu'on en fait. Ready Player One, c'est l'Oasis, Halliday, c'est Spielberg, Wade Watts, c'est le spectateur, alors c'est à nous de vous remercier M.Spielberg. Thanks for giving this movie.

Mais bon, il faut que je retourne à mes cours, et puis après tout, ce n'est qu'un film....