J. Hallyday vient de mourir et les gens se battent pour devenir son héritier

J. Hallyday vient de mourir et les gens se battent pour devenir son héritier à cause de son testament qui a surpris tout le monde.
Toute ressemblance avec des personnages réels serait bien sûr fortuite vu que le gars était inconnu aux USA...


Une fois cette petite remarque à laquelle tout français aura pensé en voyant le film, évacuons la chose.


Ready Player One sur la forme est superbe, c'est graphiquement très beau, on a une ambiance prenante, on est vraiment content de voir un tel spectacle sur grand écran, comme Valérian il y a 6 mois, en plus Spielberg n'est pas Mickael Bay et ne nous fait pas de scènes épileptiques, c'est lisible tout le temps, et Spielberg n'est pas non plus Cameron, pas de morale écolo bobo omniprésente. L'effet polygone des visages dans la VR est à mon sens tout à fait voulu pour savoir où on est, on ne cherche pas ici le réalisme d'un "Existenz" ou "Matrix", les gens doivent se rendre compte qu'ils ne sont pas dans la réalité, sauf dans une certaine scène du film. Bref c'est un spectacle à vraiment voir au cinéma, d'où la note de 8.


Sur le fond malheureusement il en est tout autre. L'univers ne tient pas la route, l'histoire est simpliste et bourrée de deus ex machina ou de coïncidences pratiques, et par moment il y a une diarrhée voire un vomi de référence à la pop culture des années 70 et 80 comme c'est la mode depuis quelques années. A certains moment on tape même dans les années 90-2000 (Doom, Warcraft, Starcraft....).


L'univers n'est pas cohérent car si tout le monde glande en VR, les gens devraient finir par crever de faim et de maladies. De plus dans cet univers on a l'impression que tout le monde vit dans la ville de Columbus, Ohio, tous les protagonistes sont géographiquement trop proches. L'interface de VR ne tient pas la route non plus, le casque façon masque de ski manque de profondeur, le tapis roulant exige un niveau physique égal à celui de son avatar, les combinaisons intégrales n'ont apparemment que des inconvénients -ressentir les coups-. Celle du méchant n'est pas mieux, une sorte de fauteuil où on est statique. De façon plus crédible, ça devrait être soit un bypass neuronal à la "Existenz" ou "Matrix", ou une sorte d'exosquelette intégral couplé à des projecteurs rétiniens.


Les références au début c'est sympa, on voit King Kong, le T-Rex de Jurassic Park, la Delorean de McFly, le muscle car de Mad Max, la moto d'Akira, la batmobile de la série des années 60... puis très vite on commence à saturer, ça commence à parler des trucs qui se sont moins diffusé mondialement, ou qui ont été oublié voire jamais connus en dehors de certains cercles... Et puis ça pose un sérieux problème de crédibilité de cette VR, dans un monde où vous pouvez tout faire, l'objectif est de singer les trucs qu'on connaît en mode fanboy quitte à avoir la même chose que le voisin ? Plus aucune imagination, plus aucune personnalisation... Et puis la Dolorean elle ne voyage pas dans le temps, c'est que du skin, le héros a d'ailleurs besoin d'un autre artefact pour ça à un moment, ce qui pose de sacrés problèmes théoriques de simultanéité du jeu pour les différents participants. C'est dommage que dans l'univers des possibles, finalement les répliques d'objets fictionnels n'aient pas plus de pouvoir que dans la réalité, un peu comme les gens qui achètent des balais et des baguettes du monde d'Harry Potter qui ont le look mais aucun intérêt fonctionnel.


Enfin l'histoire en elle même est trop simpliste ou bourrée de choses qui ne vont pas


Déjà l'environnement n'est pas assez expliqué, comment tout tourne (les services publics, l'agriculture...), pourquoi des gens sont réduits en esclavage et que la police ne débarque que quand ça arrange le scénario. Beaucoup d'orphelins apparemment (les deux personnages principaux et sûrement le jeune asiatique) mais on ne nous en dit pas grand chose.


Ensuite les concepts du jeu vidéos sont repris bizarrement, un easter egg c'est un bonus additionnel facultatif pour les "puristes" qui veulent connaître le jeu à fond, ce n'est pas la quête principale avec un tableau des scores visibles partout. Le concept de "vies" est apparemment complètement oublié, à part dans une certaine scène où le cadeau est disproportionné -ça ne se passe pas comme ça dans le bouquin pour l'obtention de la pièce- et on a choisi de jouer en mode "une unique vie pour tout le monde", et si on perd, on perd tout avant de respawner à poil en level 0 (le film a gardé le nom familiarisé par les FPS mais en en changeant complètement le sens) bref presque comme dans la vraie vie (à la résurrection près), quel intérêt de jouer si les limites sont identiques ? Vous vous imaginez, vous avez passé des mois à faire des actions de jeux rébarbatives pour accumuler des crédits (du "farming", l'équivalent VR d'un travail quoi) et vous lancez une console Atari dans l'interface et hop vous mourrez dans un lac gelé. Moi je ne me connecte pas à cette interface VR. Pas de spécialisation pour les personnages non plus, une incantation pour désactiver un artefact de niveau 99 -on s'imagine le max- peut être fait par un level 0 via un haut parleur.
Bref ce concept de jeu vidéo est vraiment très / trop proche de la réalité, "Free to play" mais "Pay to Win". Le pauvre IRL reste pauvre, le riche IRL reste riche. Les skills sont secondaires. Il n'a rien inventé le J Hallyday, rien qui vaille 500 milliards en tout cas.


Et pour finir la ligne scénaristique du film. Le gars orphelin sans le sous mais qui a son matos de VR dans une planque perso, qui s'en fout que sa famille soit assassiné une fois l'événement passé, qui rencontre un avatar de fille online dont il tombe amoureux en 20 secondes sans même savoir si ce n'est pas un vieux mec obèse. La fille se révèle être une membre d'une rébellion dont on ne sait pas grand chose, à part qu'elle est la seule à se connecter -bien pratique pour ne pas tenir la chandelle de la romance- et que sa rébellion consiste à essayer de gagner les parts de la société, bref à s'enrichir (un peu comme si on qualifiait les petits traders de Wall Street de rebelles). Le mec parce que c'est le héros, avant la fin il choppe la fille et on sait qu'il va fatalement gagner les parts de la société qu'il choisira de partager avec ses 5 potes même si il aura été aidé par des centaines de milliers de gens venus bénévolement se faire tuer pour un gars qu'ils ne connaissaient pas. Et pour se faire il aura l'aide de plusieurs deus ex machina : une pièce donnée à la banque mémorielle à lui plutôt qu'un autre parce que c'est le héros et que c'est écrit dans le script, une tentative d'assassinat ratée par ceux qui en ont les moyens et pouvaient l'organiser en même temps qu'une tentative de kidnapping réussie par ceux qui sont sans le sou, une évasion réussie lors d'une deuxième tentative d'enlèvement parce que la fille rencontrée deux jours avant connaissait ses potes à lui IRL alors que lui ne les connaissait pas, un méchant qui a écrit ses mots de passe sur des papiers visibles et les filme quand il contacte ses ennemis, un méchant suffisamment con pour ne pas faire la différence entre la VR et la réalité, malgré le casque, l'antre du méchant où n'importe quel badaud peut se connecter à un pod anonyme et accomplir son propre dessein. Et bien sûr la police qui vient quand le script le nécessite.
La morale finale est grandiose, la réalité est plus réelle, donc les mardi et jeudi on va couper les services pour que vous puissiez bien profiter de votre vie de merde dont vous avez essayé de vous évader.


Et pour finir en beauté les caractérisations ethniques des personnages. Dans la mode actuelle le méchant est le plus aryen du casting, son acolyte est une actrice anglaise métisse nigério-norvégienne qu'on a blanchi pour l'occasion afin qu'elle soit plus méchante -ce n'est pas une blague, comparez avec killjoys, Black mirror ou le dernier Tomb Raider où elle joue, elle est clairement plus foncée-, l'équipe du héros ce n'est que de la minorité, une fille "handicapée" ou qui le ressent ainsi, une noire lesbienne transgenre (elle incarne un mec) et deux asiatiques. La famille du héros est blanche et donc dispensable et stupide, elle perdra sa maison et se fera tuer et tout le monde s'en branlera. La propagande habituelle.

wasabi
8
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le 5 avr. 2018

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