Quand j'étais p'tit on m'appelait rapporteur, j'ai tellement aimé l'idée que j'suis dev'nu reporter

Un peu moins d'une heure, c'est ce que dure cette replongée dans le monde de l'enfance et des cours de récréation. Adultes parvenus que nous sommes malgré nous devenus, nos deux billes se posent sur ce documentaire (parce qu'il en emprunte tous les codes à vrai dire) convenu dans l'idée et au demeurant truculent mais qui s'avère finalement très réussi dans la réalisation et profond de sens. Je parle de documentaire et Claire Simon, par ses choix de réalisatrice, nous offre une tranche digne d'un documentaire animalier en pleine plongée dans un milieu hostile, impitoyable et révélateur du monde dans lequel il se trouve. La caméra pénètre les murs de la cour et se pose entre ces petits êtres autonomes. Le rapport de la caméra et de sa présence à ces comédiens insoupçonnés qui jouent leurs propres pièces est étonnant: ils savent qu'elle est, les suit, qu'elle pointe son objectif et capture leurs moindres mouvements mais ne les perturbe en rien dans les rôles qu'ils tiennent les uns pour les autres. Quand bien même un môme se fait maltraiter, la caméra, non sans rappeler ce Graal de Strip Tease, s'érige en tant que simple témoin oculaire, lâche et incapable d'intervenir. C'est pourtant ça le point de ce métrage, Claire Simon ne nous offre pas un point de vue sur l'enfance mais ce sont les enfants eux-mêmes qui le crée. Entre jeux tyranniques, enfants menés à mal et victimes des bandes organisées, découverte des corps, de la compétition, de la mise en marge, ce média dépeint une triste réalité des cours de récré des années 90 (oserais-je soupçonné qu'elle a empiré depuis?) qui est l'introduction d'une violence banalisée et presque insoupçonnée (au regard des adultes qui veillent sur ces enfants mêmes) dans le quotidien de ces têtes blondes.
On retrouve tout spectateur que nous sommes un brin de souvenir, de nostalgie amère dans ces petites situations tantôt cocasses tantôt terrifiantes et on se dit qu'avant d'être là où nous sommes, nous avons été ce que eux, ils sont, que le monde ne s'est pas assagi depuis et que finalement d'enfants comme ceux-là, les hommes qui nous entourent n'en sont que les parents.
Albion
8
Écrit par

Créée

le 21 nov. 2012

Critique lue 672 fois

5 j'aime

2 commentaires

Albion

Écrit par

Critique lue 672 fois

5
2

D'autres avis sur Récréations

Récréations
goummo
9

Comment c'était avant ?

Et maintenant d'ailleurs ? La récré, un brin de liberté, pour qui ? Ce documentaire sous tutelle philosophique - Spinoza aussi à morfler à la sortie des classes - nous montre ...Comme un miroir...

le 1 oct. 2010

1 j'aime

Récréations
Tempete_de_tintin
7

Quelle patience la post synchro jpp !!!!

Ce film a ravivé de mauvais souvenir... Alexis Valibouze je me souviendrais toujours de quand tu m'as poussée dans la boue c'était horrible je te hais

le 9 nov. 2023

Du même critique

Abraham Lincoln : Chasseur de vampires
Albion
10

Rendons Abraham ce qui lui appartient.

Comment vous expliquer ce sentiment. Lorsqu'en général sous vos yeux ébaubis s'inscrit une bande-annonce d'un film (disons ici qu'il s'agit d'un film d'action QUAND MÊME), on se sent très vite...

le 31 juil. 2012

45 j'aime

10

Le Feu follet
Albion
10

Si Rigaut meurt, Maurice Ronet.

Le Feu Follet est une adaptation entreprise par Louis Malle afin de lui éviter, a-t-il avoué, de ne mettre lui-même fin à ses jours. Le Feu Follet écrit par Drieu-La Rochelle suinte l'intimité des...

le 16 mars 2012

29 j'aime

5

Un homme qui dort
Albion
8

La victoire ne t'importe plus.

Un homme qui dort est l'une de ses rares adaptations dirigée par l'auteur du livre lui-même. Livre dont le film prend sa source afin de se mettre sur pieds. Un homme qui dort est par ailleurs un...

le 10 mai 2012

25 j'aime

5