Red to Kill
6.2
Red to Kill

Film de Billy Tang (1994)

Eh oui ! La note est haute, et pour cause : Ce "Red to Kill" mérite amplement sa réputation de film terrifiant, d'une noirceur si hallucinante qu'elle déteindra sur une bonne partie du catalogue classé "Catégorie III" à Hong-Kong dans les années 90.


Et donc quoi ? Sous prétexte que ce film est monstrueux, je me permets de lui accorder la note quasi-maximale ? Bien évidemment, non.


Car quand on compare aux autres films de son époque ("Ebola Syndrome", "Daughter of Darkness"...), "Red to Kill" reste bien moins gore et compte beaucoup moins de morts. Peu de meurtres dégueulasses et spectaculaires, toute la force du film est dans son ambiance anxiogène, son récit glauquissime et sa réalisation impeccable !


Eh oui ! Le film est superbement maîtrisé, chose que l'on remarque dès la première séquence, présentant un violeur en série sévissant dans un quartier urbain (la caméra met l'accent sur son architecture bizarre, où les lignes de fuites partent dans les verticales et les diagonales) sans pour autant montrer son visage (son identité fera office de petit rebondissement dans l'intrigue), mais en insistant sur sa musculature, sur la force de ses bras, sur ses muscles fessiers... la pauvre victime en est presque occultée malgré les hurlements qui rythment la séquence ! On sent la puissance de cette bête à l'apparence humaine, et donc l'impuissance de ses victimes...


De plus, le film a un discours social d'une noirceur dingue, se focalisant sur un pan de la population chinoise que l'on n'a pas l'habitude de voir : En prenant pour personnage principal une assistante sociale impuissante face au désespoir que vivent les populations les plus esseulées des grandes villes, en témoigne un suicide particulièrement violent auquel la jeune femme assistera dès les 10 premières minutes du film.


Ainsi, toutes les bases sont posées pour transgresser un tabou qu'on oserait même pas aborder en Europe : Le viol sur les handicapés mentaux dans les centres spécialisés. Et "Red to Kill" y va sans fioriture, montrant de longues séquences où la pauvre Ming-Ming sera aux prises avec son bourreau, intensifié par tout un set-up haletant qui poussera jusque cette séquence fatidique.


Alors bon, "Red to Kill" pourrait ressembler par moments à un genre de film érotique pour des gens pas nets si le réalisateur n'inscrivait pas cette scène dans un contexte social une fois de plus, le fameux violeur en série étant victime de violences familiales quand il était plus jeune (à travers un flashback pas piqué des hannetons !)


Le film va progressivement évoluer vers le rape & revenge... et là le film s'en sort mieux que 90% des productions du genre, tout pays confondu ! En effet, une fois son identité dévoilée, le violeur en série est iconisé tel un monstre surpuissant, invincible et incapable de céder à ses pulsions ! Rarement aurais-je été traumatisé par un personnage aussi sordide et malfaisant, au point où si je devais faire un top des pires méchants de l'histoire du Cinéma, celui-ci serait dans les premiers !


Et enfin, que dire de sa fin... insupportable ! Billy Tang, sadique comme pas permis, nous laissera entrevoir la moindre petite fenêtre d'optimisme, d'insister dessus avant de la fermer brutalement, en nous remettant le nez dans la merde bien comme il faut. Sans doute beaucoup trop "too much" pour certains, je trouve que cette fin horrible reste cohérente avec tout le reste du film !


"Red to Kill" est pour moi un chef d'oeuvre de la Catégorie III, peut être mon préféré ! Mais je ne peux décemment pas le conseiller à tout le monde, moi même je ne suis pas encore prêt de le voir vu à quel point le film est noir et déprimant. Mais tous ceux qui aiment les expériences fortes ne peuvent passer à côté ! Même si le film flirte avec le complaisant pour renforcer le malaise du spectateur, "Red to Kill" ne cherche pas la violence gratuite à tout prix. Elle sert surtout son récit et sa thématique sociale.

BLOODY-COUNT
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste L'IMMORALE ET INDEFENDABLE CATEGORIE III HONG-KONGAISE

Créée

le 18 avr. 2020

Critique lue 701 fois

2 j'aime

BLOODY-COUNT

Écrit par

Critique lue 701 fois

2

D'autres avis sur Red to Kill

Red to Kill
BLOODY-COUNT
9

CHEF D'OEUVRE INDEFENDABLE

Eh oui ! La note est haute, et pour cause : Ce "Red to Kill" mérite amplement sa réputation de film terrifiant, d'une noirceur si hallucinante qu'elle déteindra sur une bonne partie du catalogue...

le 18 avr. 2020

2 j'aime

Red to Kill
JonathanAsia
7

Critique de Red to Kill par Jonathan Asia

Un véritable festival de mauvais goûts et d'horreurs en tout genre, sublimé par un Ben Ng complètement frapadingue qui s'éclate visiblement dans ce rôle de tordu hystérique et ultra pervers! Bien...

le 9 juin 2014

1 j'aime

Du même critique

Le Gardien invisible
BLOODY-COUNT
1

LES RIVIERES MONOCHROMES

A force de me suggérer des trucs pareils sur Netflix, je vais tout simplement finir par me barrer de cette plateforme des enfers. "LE GARDIEN INVISIBLE" est indigne des plus faiblardes productions...

le 19 déc. 2020

7 j'aime

4

Invasion Los Angeles
BLOODY-COUNT
9

ANARCHY IN L.A.

Suite à une série de bides douloureux (surtout après le très noir "Prince des Ténèbres"), John CARPENTER étale toute sa colère contre le système à travers cette satire virulente envers le modèle de...

le 27 juil. 2017

6 j'aime

L'Homme du président
BLOODY-COUNT
7

PANTINS DE POUVOIR

Très inspiré des maîtres étalon du thriller politique américain ("LES TROIS JOURS DU CONDOR" et "LES HOMMES DU PRESIDENT"), "L'HOMME DU PRESIDENT" semble être un film d'une importance historique pour...

le 1 oct. 2020

5 j'aime