Le film tient là, dans ce paradoxe : aimer, c’est parfois détruire.

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Il y a dans ce film une lumière éteinte qui ne meurt jamais tout à fait — un tremblement discret, celui de l’amour quand il ne sait plus où se poser. Regretting You n’explose pas : il s’effondre lentement, comme une respiration qui s’étiole dans le creux d’une main. Morgan et Clara, mère et fille, se regardent à travers des miroirs fêlés ; chacune croit protéger l’autre, mais elles ne font que s’éloigner davantage.

Le film tient là, dans ce paradoxe : aimer, c’est parfois détruire.

Josh Boone filme l’absence comme un parfum — il la laisse flotter, diffuse, impalpable. Tout y est ouaté, fragile, suspendu : les silences pèsent plus que les dialogues, les gestes remplacent les mots. Allison Williams traverse le cadre avec une pudeur meurtrie ; Mckenna Grace, elle, s’y débat avec une rage adolescente que le chagrin ne parvient pas à dissoudre. On sent que le film cherche la justesse, mais qu’il se perd souvent dans le confort d’une mélancolie apprêtée, trop propre, trop cadrée.

Il y a pourtant, par instants, des éclats de vérité — un regard, un tremblement, une phrase qui s’effondre en plein vol. Ces moments-là sauvent tout : ils rappellent qu’aimer reste un désastre magnifique, qu’aucune blessure ne se referme vraiment. Le reste paraît convenu : la mise en scène manque d’aspérités, la musique appuie les émotions au lieu de les laisser respirer.

Et pourtant, on ressort vidé, touché malgré soi, comme si le film avait remué quelque chose d’enfoui : ce lien viscéral entre la mère qu’on fuit et l’enfant qu’on trahit en grandissant.

Il fallait oser filmer la tendresse dans ce qu’elle a de plus imparfait : Regretting You n’y parvient qu’à moitié, mais cette moitié suffit parfois à nous tenir debout.

Note : 10 / 20

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